Tour du bocal de Mévouillon
Le tour du bocal de Mévouillon en parapente peut donner du fil à retordre. C’est pourquoi Mika et moi vous partageons quelques conseils pour boucler ce petit triangle de 30km. C’est un objectif raisonnable et atteignable pour des débutants en cross. Attention toutefois l’aérologie des Baronnies provençales peut s’avérer musclée, c’est le sud. Alors si vous avez assez d’expérience, tentez ce tour de bocal de Mévouillon.
Les points-clés du tour de bocal de Mévouillon
Décollage : Bergiès Nord ou Sud, 1364m Baronnies Provençales - Drôme
Horaire de décollage : Entre 9h30 et 11h, éventuellement 12h. Si vous tardez trop, vous risquez de voir une brise d’Ouest prendre le dessus. Alors vous décollez de travers depuis la zone de préparation. Puis vous choisissez de vous jeter en Nord ou en Sud au petit bonheur la chance. Finalement vous volez dans des thermiques désorganisés par cette brise non souhaitable pour réussir un départ de cross. Tout ça pour dire, ne tergiversez pas trop longtemps pour choisir votre cycle.
Parking/Atterrissage : Villefranche-le-château en face de l’école Esprit parapente ou à la sortie sud de Séderon.
Les zones thermiques stratégiques : Côté sud : classiquement vous sortez dans un thermique à gauche du décollage vers les antennes. Mais parfois cela marche également avant le village de Séderon au-dessus des champs secs labourés. Côté Nord : cela sort également vers les antennes ou plus loin sur la crête. Egalement parfois sur la gauche du déco Nord sur un col en direction de Buc.
Vent favorable : Sud ou Nord, vent faible dans les deux cas comme pour toutes tentatives de vol de distance.
La transition stratégique : La transition à ne pas rater consiste à partir de Palle pour raccrocher Chamouse. Enfin il faut d’abord s’extraire de Bergiès et un plafond à 1800m est le strict minimum. Alors vous partez raccrocher Palle où vous devez faire un plein à 2000/2200m. Ainsi vous pouvez transiter.
Espace aérien : R71 A
- Club local : les loups volants
- Ecole de parapente locale : EPB à Mévouillon et Esprit parapente à Villefranche-le-Château
RETEX tour de bocal de Mévouillon
Mika et moi volons en parapente très régulièrement dans les Baronnies provençales. Pourtant nos tentatives de cross au départ de Bergiès se soldent systématiquement par des échecs. En réalité nous avons peu volé en thermiques depuis ce site. Effectivement les années précédentes nous n’osions pas nous confronter aux conditions fortes du sud. Mais cette année nous nous sentons prêts. D’autant que dans notre progression, nous avons appris à préparer un cross. Du moins nous avons assimilé l’idée qu’il faut aller sur un décollage avec un objectif. Et comme Bergiès est un départ de cross, nous avons préparé un itinéraire du tour de bocal de Mévouillon.
Bref lors d’une de nos tentatives de ce cross, la foule au décollage nous a déstabilisé. Nous étions arrivés tôt et prêt à décoller vers 10H30. Mais comme les pilotes attendaient des cycles plus généreux, nous avons imité le groupe. Malheureusement, les conditions au décollage Sud ont totalement changé. Finalement une brise d’Ouest a pris le dessus, désorganisant les thermiques devant Bergiès Sud. Seuls quelques pilotes partis juste avant réussissent à s’extraire. Pendant que nous continuons à attendre, la manche à air virevolte de sud à Nord. Puis elle s’arrête parfois, propice au dust qui vient tourbillonner autour de nos parapentes. Bref notre mental flanche un peu. Mais nous finissons par décoller pour des ploufs améliorés dans des cycles furtifs de face. Dire que les prévisions donnaient plus de 3000m de plaf ce jour-là. En débriefant avec les parapentistes locaux, il nous informent que cette situation est courante à Bergiès. Nous avions tout bon d’être prêt entre 10 et 11h. Mais nous avons fait l’erreur de ne pas décoller dans ce créneau qui est le meilleur pour ce spot. En fait nous avons fait les moutons en subissant l’effet pervers du groupe.
En conclusion, désormais à Bergiès nous décollerons tôt. Puis nous nous ferons confiance plutôt que de se fier au groupe.
Récit du tour de bocal de Mévouillon de Mai 2024
Le Hike and Fly à Bergiès
Suivez-vous régulièrement les aventures en parapente de Sev et Mika sur les réseaux sociaux ? Sur l’Instagram de Sev ou de Mika ? Si oui, alors vous connaissez notre addiction au Hike and Fly. Donc sans surprise ce tour de bocal de Mévouillon commence naturellement par une randonnée. D’ailleurs nous avons deux itinéraires possibles pour monter à Bergiès. Le premier plaira aux amateurs de longues distances : 7,5 km pour 580m de dénivelé. Alors que le second offre une montée bien plus efficace : 4,5km pour le même gain d’altitude. Devinez lequel nous choisissons désormais quasi systématiquement ; le plus raide ! Malgré tout il n’en reste pas moins magnifique. Le départ se fait à l’atterrissage officiel de Villefranche le Château. Rapidement nous quittons la route pour marcher sur une piste forestière longeant des champs de lavandes. Au fur et à mesure, nous rentrons dans une zone de forêt. C’est à ce moment que le sentier commence à monter dré dans le pentu. Parfois quelques ronds de peinture jaune fluo balisent l’itinéraire. Merci au club des loups volants pour l’entretien et le balisage de ce sentier. Honnêtement c’est parfois un peu paumatoire. Mais dans ce cas le mieux comme dirait Mika « on monte tout droit, ça va faire ».
Et il ne nous a jamais perdu au final. D’autant que rapidement l’antenne du sommet apparait en ligne de mire. Ainsi, en 1H15 nous atteignons le sommet de Bergiès et son observatoire. Si vous avez un pack de vol lourd et un rythme moyen, comptez environ 1H30 à 2H.
La prévol dans une ambiance de compétition de parapente
Donc nous arrivons à 9h30 au sommet pour tenter le tour de bocal de Mévouillon en parapente. Certains pourraient penser que c’est trop tôt. Mais au moins nous avons le temps de sécher et de faire notre prévol en toute quiétude. Et j’avoue cette stratégie me plait car vers 10h l’ambiance à Bergiès a radicalement changé. Des pilotes en veux-tu en voilà apparaissent de partout sur la belle zone de préparation en herbe. Désormais il flotte dans l’air une ambiance de compétition en parapente. Certains pilotes échangent sur leurs objectifs en accord avec les conditions fumantes du jour. D’autres racontent leurs mésaventures en vol de la veille. Entre fermetures asymétriques et vracs inexplicables de ces locaux, je finis par fuir toutes ces paroles polluantes. En me concentrant à nouveau sur mon objectif, j’observe un peu la nature. D’ailleurs quelques vautours commencent à sortir de leur cachette. Classiquement ils enroulent vers l’antenne du sommet en versant sud. Puis les arbres sous le décollage dansent déjà bien la salsa. Alors je n’ai pas besoin de plus d’indice pour me jeter dans ma sellette. Après avoir tout verrouillé, je préviens Mika de mon intention d’aller au décollage. En fait il est presque prêt également et m’emboite le pas.
Alors nous checkons nos radios et observons quelques élèves se mettre en vol. Pour une fois c’est assez fluide, à quelques sketchs près. Cela nous change de la semaine précédente où 50 pilotes attendaient pour se mettre en vol. Alors il avait fallu y aller au culot pour installer son parapente sur l’aire d’envol.
Prendre le bon cycle pour s’extraire
C’est donc sans pression que je m’installe sur le décollage pour tenter ce tour de bocal de Mévouillon. Enfin un peu quand même car je teste un nouveau parapente, la Soar 2 d’AirDesign. Comme le déco est un peu scabreux, je fais particulièrement attention avec ce parapente léger. Avant de décoller j’observe les pilotes en vol. Et c’est prometteur car une grappe se forme devant l’antenne. D’autres enroulent une ascendance sur une crête au Sud-Ouest en direction de Palle. Alors je n’attends pas plus pour tirer délicatement sur les avants. Et ni une ni deux me voilà dans la grappe de l’antenne, calée pour faire le plaf. De son côté Mika subit les aléas d’essais ratés des élèves parapentistes. En fait Il décolle presque 10 minutes plus tard que moi. Et malheureusement un gros cumulus fait de l’ombre sur la montagne de Bergiès. Au final, il n’arrivera pas à s’extraire, tout comme le reste des pilotes arrivés tardivement. Parfois il faut une bonne dose de chance pour avoir le timing qui fait décoller dans le bon cycle.
Monter au plafond et transiter
L’ascendance de l’antenne me décale sur le versant Nord de Bergiès. Mais elle plafonne. Alors je vois un pilote qui trouve une ligne intéressante en direction Sud-Ouest. En le suivant je choisis la bonne option puisqu’il trouve un thermique. Et c’est reparti pour tenter de monter au nuage. Mais cela me décale de mon premier point de passage que je souhaite faire à Palle. Et ce n’est pas le tout de suivre ce pilote, je ne sais pas où il a l’intention d’aller. Alors je me recentre sur mon itinéraire et prends cap au Nord Ouest pour me placer au-dessus de la crête de Neillère. C’est le cheminement classique pour sauter sur la montagne de Palle. Et cela fonctionne sauf une fois sur les crêtes de Palle où je ne fais que descendre. Il faut que je trouve quelque chose et vite. Donc je m’écarte de la ligne de crête et là miracle ça monte des briques. Alors je me cale dans le cocon et c’est parti jusqu’à 2200m le regard fixé sur mon stabilo gauche. Le premier objectif de faire un plein à la montagne de Palle est validé. C’est la condition sinéquanone pour s’élancer dans la transition stratégique du tour de bocal de Mévouillon. A vrai dire réaliser un plein à cet endroit permet d’envisager nombreux cross, dont celui pour aller à Laragne. Mais à nouveau je ne m’écarte pas de mon objectif du jour. Ce serait tentant car je me sens bien dans la masse d’air et les conditions sont fumantes. Finalement comme prévu je me dirige vers Chamouse. Et je n’ai même pas besoin d’accélérer avec cette Soar 2 bien plus performante que ma ViVo.
Faire les trois branches du triangle
En partant à 2200m de Palle, j’arrive 15 minutes plus tard à 1500m vers Chamouse. En me plaçant sur le relief devant cette montagne, je dégote une ascendance stratosphérique. Le vario s’affole et affiche parfois +6m/s. En moins de 3 minutes je prends 500m dans un thermique qui me décale parfaitement au-dessus de Chamouse. Et voilà une branche du triangle de faite. Je file vers l’ouest en suivant la crête qui me fait passer au-dessus du décollage de la Trappe. Sans mal, je continue dans ce cheminement sans enrouler les ascendances. En réalité je n’ai pas envie de m’approcher trop près des nuages. Je ressens déjà bien assez leur influence malgré la marge que je garde avec eux. Malheureusement j’ai un doute sur ma stratégie quand je me rends compte que je rentre dans une zone d’ombre. Je ne fais que descendre mais garde cap sur la montagne de Croc. D’autant qu’un joli rayon de soleil l’éclaire. Et miracle, sur Croc je refais un plein me permettant de continuer presque jusqu’à la Rochette-du-Buis. Tout en avançant j’observe et imagine la suite. De son côté Mika m’informe en radio qu’il a posé et va rejoindre le camion à pied. Au même moment, je termine la deuxième branche de ce triangle de 30km.
Boucler le tour du bocal de Mévouillon
Pour boucler ce cross je dois passer au Fort ou à Buc. Et l’option de Buc me séduit davantage. Mais plutôt que de tenter en direct je décide de faire un détour vers les gorges d’Aulan. En fait quelques reliefs en direction des gorges me font espérer des déclenchements. Et rapidement j’ai confirmation de mon observation en trouvant un thermique sur une croupe. Alors je continue d’avancer sous de belles masses nuageuses. Malheureusement ma chance tourne et le variomètre m’annonce que du négatif. A présent trop basse pour me jeter sur la crête qui m’aurait remontée au sommet de Buc, je change de cap. Ainsi je vise l’atterrissage de Buc. Mais j’ai quelques sueurs froides car il y a peu de vaches possibles dans cette zone. En me dirigeant vers un champ labouré bien sec je trouve une bulle. Cette dernière m’offre juste ce qu’il faut de marge pour poser à l’atterrissage de Buc. Finalement je peste de ne pas avoir eu la patience d’exploiter mieux cette bulle. Je suis heureuse mais rageuse à la fois d’être posée si près du but. Et si cette bulle m’avait fait passer Buc et permis de boucler le tour de bocal de Mévouillon.
Quand on n’a pas de tête, on a des jambes
Après avoir repris mes esprits, une idée me vient. D’un coup je réalise qu’à portée de pas, j’ai le décollage de l’arbre à Jacques. En plus je suis avec la Soar 2 qui est bien plus légère que ma ViVo. Je checke la manche à air, c’est Ouest/Sud Ouest assez soutenu. Donc un soaring dans ce dynamique pourrait me permettre de sortir de Buc. Ainsi je pourrais faire le glide final jusqu’à Villefranche. Donc c’est parti je m’élance à l’assaut de l’arbre à Jacques avec la voile en bouchon. En chemin j’essaye de joindre Mika à la radio sans succès. La faute à cette belle face de Buc faisant écran entre nous deux. Cela me stresse un peu. J’apprécie les parfums de thym et lavandes sauvages me portant en douceur jusqu’au décollage. Après ces dix minutes de montée vont-elles me permettre de boucler le tour de bocal de Mévouillon ? Après une bonne pause, je prépare cette aile légère, je fais très attention à cette Soar 2 sur ce terrain scabreux. Effectivement les fines suspentes pourraient accrocher les plants d’herbes sauvages. Ainsi je décolle dans une belle bouffe pour une session soaring. La belle se laisse manier à la perfection dans les basses vitesses. Après dix minutes dans le dynamique à frôler les arbres, je sors au-dessus des crêtes de Buc. Je ne fais pas la difficile et me jette hors du bocal pour tenter de boucler le triangle. Alors je me place dans la brise d’Ouest du col de Mévouillon et me laisse pousser.
Boucle ou pas ce tour du bocal de Mévouillon
Enfin je joins Mika en radio. Il m’attend à l’atterrissage de Villefranche, notre départ de ce matin. Et il me conseille de poser à l’atterrissage de l’école de parapente des Baronnies. Mais j’ai bien envie de tester le plané de la Soar 2. Donc je lui dis que je tente de le rejoindre. C’est sans compter sur une ligne électrique qui me parait bien haute. Au final je ne force pas le passage, pas envie d’appeler EDF suspendue à leur câble. Alors je fais demi-tour et pose en douceur dans le terrain pente-école à l’EPB. Finalement il manque 1 km pour boucler réellement ce triangle. Pourtant j’ai le sentiment d’avoir réussi ce tour de bocal de Mévouillon. D’autant que cette tentative est réalisée dans des conditions thermiques printanières. En parallèle ce fut aussi l’opportunité de tester un parapente de catégorie supérieure. Cette Soar 2 d’Airdesign de catégorie B+ m’a offert un pilotage plus précis que ma ViVo. Vraisemblablement tout va mieux et plus vite. Mais cela reste à tester et confirmer dans quelques autres situations de vol. D’ailleurs n’hésitez pas à nous contacter si vous souhaitez plus de détails sur mon ressenti sous la Soar 2.
L’avis de Sev et Mika sur ce tour de Bocal
Ce tour de bocal de Mévouillon en parapente offre un format de triangle idéal pour débuter en cross. Effectivement il faut compter environ 2h de vol pour parcourir 32km. Mais tout ceci est donné à titre indicatif, les chiffres ne reflètent pas toujours la réalité du ciel. Donc il faut corréler ce résultat aux conditions du jour. D’ailleurs sachez tout de même que des conditions aérologiques très soutenues prédominent dans les Baronnies provençales. Peut-être que ce Printemps 2024 humide nous offre un ciel plus accueillant que les années précédentes. C’est difficile à dire puisqu’en parallèle la météo très instable provoque des développements rapides. Ainsi les cumulus envahissement le ciel très vite. Ce qui pourrait paraitre un avantage, peut aussi basculer à des conditions trop fortes et turbulentes. Bref il faut se mettre en vol, juger la masse d’air et partir en cross si on se sent bien.
Sachez également que vous pouvez monter au décollage de Bergiès en voiture. Et depuis le sommet, le visuel est évident sur les différents points-clés du vol. Puis il y a de nombreuses vaches possibles un peu partout. Au final, c’est clairement une idée de cross pour les débutants en vol de distance. Mais pour des débutants qui ont l’habitude de voler en thermique dans le sud.
J’espère que ce tour de bocal de Mévouillon vous donnera envie d’explorer les Baronnies provençales sous votre parapente. N’hésitez à m’écrire en commentaire si vous avez besoin de plus d’informations. D’ailleurs si vous crossez dans le coin, je suis preneuse de conseils pour agrandir le triangle ! Merci d’avance et bon vol.
Félicitations une bien belle aventure avec une superbe aile ! Il va falloir commander vos Rises 5 😉
Merci Tony!
Effectivement cette aventure aérienne sous la Soar2 m’a convaincue ! Le changement est proche ????