Le Buet
Avez-vous déjà gravi le Buet en ski de randonnée ? Du haut de ses 3096m, il porte le surnom de Mont-Blanc des dames. Contrairement au plus haut sommet des Alpes, il a l’avantage d’être facile techniquement. Du haut de ce promontoire, la vue panoramique sur tout le massif du Mont-Blanc vous laissera sans voix. Collez les peaux de phoque, allumez le DVA et suivez le guide jusqu’au sommet du Buet.
Dimanche 27 Février
14h
Nous venons de réussir l’ascension de la pointe des Grands depuis le Peuty. Notre séjour glacial en ski de randonnée autour de Trient touche à sa fin. Malheureusement pour notre cure de vitamine D, le soleil disparait trop vite à notre goût sur le parking de Trient. Mika a l’idée de nous conduire au col de la Forclaz, celui au-dessus de Martigny en Suisse. Eh oui, il est préférable de bien préciser quel Col de la Forclaz, il en existe tant !
Bref le soleil inonde ce col au-dessus de Trient jusqu’à 17h passé. Le rayonnement solaire réchauffe l’habitacle pour un moment de détente d’après-ski au top. Nous en profitons pour vérifier la météo et choisir notre course du lendemain.
Nous hésitons entre le Rogneux et le Buet. Un compte-rendu de course sur skitour fait pencher la balance en faveur du Mont-Blanc des dames. Ajouté à cela nous n’avons pas gravi le Buet depuis longtemps. Alors que nous avons réalisé l’ascension du Rogneux deux jours de suite l’an passé en superbes conditions.
Voyager en van permet de passer d’un spot à un autre facilement. Et comme seulement 20 minutes de route séparent le col de la Forclaz et le village du Buet, nous ne réfléchissons pas longtemps. Nous passons la douane au Chatelard. A l’approche de Vallorcine, la vue sur l’Aiguille verte est saisissante au coucher de soleil. Puis rapidement nous arrivons au parking du Buet. La petite station de la Poya semble parfaitement bien enneigée. Le début de notre itinéraire pour rejoindre le vallon de Bérard a l’air en bonne condition. Le parking est proche de la route mais la nuit sera bien calme.
Lundi 28 Février
7h
Encore une nuit glaciale passée la tête dans le duvet pour éviter une congélation du nez ! Dans ces moments-là, nous sommes ravis d’avoir un chauffage webasto dans notre van aménagé. En 5 minutes la ventilation chauffante réchauffe l’habitacle. Ainsi le petit déjeuner nous offre un éveil en douceur avant d’aller affronter le froid extérieur.
8H : hôtel du Buet 1329m
Un lundi comme on les aime. Tout semble calme sur le parking, juste 2 randonneurs en train de s’équiper. Il fait froid mais aucune brise ne vient renforcer cette sensation vivifiante.
Nous chaussons rapidement devant l’hôtel du Buet, camp de base de nombreux skieurs de rando. Nous laissons la station de ski La Poya sur notre gauche et traversons un petit hameau typique. Le boardercross créé par le passage des nombreux skieurs nous mène jusqu’à la cascade de Bérard. Malgré le faible enneigement de cet hiver, ce début d’itinéraire reste bien enneigé. A dire vrai en Février le parcours ne voit guère le soleil dans ce vallon protégé par les Aiguilles Rouges vertigineuses.
8H30 : cascade de Bérard 1500m
Peu de temps après la cascade vient le passage le plus technique de la journée : une petite passerelle suspendue au-dessus de la rivière de Bérard. Par chance aujourd’hui la neige restée souple recouvre abondamment ce pont. La trace de ski bien marquée permet de traverser sans risque de sortir des rails ! Il y a tout de même une main courante qui permet de s’aider des mains. Effectivement je me souviens l’avoir traversé complètement verglacé. Alors la chaine n’était pas de trop pour se sécuriser ainsi que les couteaux sur les fixations. Il aurait même été envisageable de déchausser pour mettre des crampons. Pas question de finir à l’eau quand de la poudreuse nous attend au sommet du Buet.
Nous en finissons enfin avec cette remontée du vallon de Bérard. C’est de loin le passage le plus monotone de la journée. Mais la suite vaut l’effort de cette distance parcourue dans l’ombre. Nous devinons une partie du toit déneigé du refuge de la Pierre à Bérard. Habituellement nous passons dessus sans le voir, c’est dire la faiblesse de l’enneigement de cette saison 2022. Le soleil nous attend au-dessus du refuge. Alors nous faisons glisser activement nos peaux de phoque pour aller profiter de sa douce chaleur. Le Buet nous nargue déjà ainsi que la station météo en contrebas.
10H30 : sur les hauteurs du refuge vers 2200m
La fraicheur du vallon de Bérard a laissé place au coup de chaud au-dessus du refuge. C’est presque avec joie que nous supportons les gouttes de sueur ruisselant dans nos yeux. Plus nous nous élevons, plus le paysage devient majestueux. Face à nous le massif des Aiguilles Rouges sublime notre itinérance. De nombreuses traces descendent du col de Bérard. Il s’agit d’un itinéraire très fréquenté par les guides de Chamonix et leurs clients. Depuis l’arrivée de téléphérique de l’index, ils rejoignent le col des Aiguilles crochues puis traversent jusqu’au Col de Bérard. Les plus motivés gagnent alors le Buet en empruntant la voie classique. Mais aujourd’hui, tout semble calme. Juste une poignée de skieurs de randonnée nous précèdent, ils ont déjà dépassé le col de Salenton. Je trouve la trace un peu pénible à ce moment-là, longue traversée main gauche. D’autant que j’ai un problème avec une cale de montée qui n’arrête pas de tourner. Mais la beauté du spectacle me fait vite oublier ce désagrément. La belle face sud du Buet m’attire inexorablement.
11H15 : Col de Salenton 2526m
Malgré le venturi nous accueillant au col, je prends le temps de faire quelques photos. Le panorama est dingue de tous côtés. La chaine des Fiz bien enneigée semble à portée de spatules. L’arête reliant le col de Salenton à l’Aiguille de Bérard forme une crête neigeuse esthétique. On devine déjà le massif du Mont-Blanc et notamment la Dent du Géant. Mais le froid de cette bise nous rappelle vite à l’ordre. Nous enchainons sans tarder l’assaut final vers le sommet du Buet. Il nous reste encore 500m de dénivelé à avaler. Il se mérite ce Mont-Blanc des dames. Comble de malchance ma cale de montée continue à faire des siennes. Quelle gageure de devoir s’agenouiller aussi souvent pour la remettre. Mes cuisses n’ont pas besoin de ça pour être déjà saturée en acide lactique. Par contre une chose me donne le sourire jusqu’aux oreilles : c’est l’état de la neige. Il reste encore de-ci de-là de belles zones encore poudreuses.
C’est le moment de mémoriser les passages à emprunter à la descente !
12h30: Le sommet du Buet 3098m
Mika imprime toujours un rythme régulier comme un vrai guide. Quand tout à coup je le vois ralentir nettement vers les antennes sous le Buet. A la traine pour les photos, je comprends son changement d’allure en arrivant sur l’arête de la Mortine. Effectivement le vent a chassé la poudreuse de la crête, laissant place à la glace. Sans se laisser surprendre il suffit de se décaler pour retrouver une trace à la neige douce. Mais un vent froid nous accompagne désormais pour clore l’ascension du Buet.
Cerise sur le gâteau ce lundi, nous trônons seul sur ce dôme parfait. Nos prédécesseurs glissent déjà sous le col de Salenton et d’autres dans le creux aux vaches. Nous profitons seuls au monde de la vue à 360°. Mais la brise glaciale n’incite pas à la procrastination ni au pique-nique. Cela tombe bien, nous ne pratiquons ni l’un ni l’autre ! En guise d’encas, nous avalons une poignée de cacahuète, pâte d’amande et abricots secs. Nous dépeautons rapidement nos spatules, puis commutons les fixations et les chaussures en position descente. Et maintenant place à la récompense, le plaisir de la descente.
Finalement la face sud du Buet n’a pas tenu ses promesses : neige soufflée presque croutée. En cherchant bien avant le col de Salenton, une belle face inclinée nous offre quelques virages poudreux. Puis sous le col de Salenton jusqu’au refuge, une moquette à poil long nous permet de carver comme sur une piste de ski. Des bosses, des creux, de la pente, tout est bon dans cette portion jusqu’à l’entrée du vallon de Bérard. La suite jusqu’au parking se résume à un boardercross bien damé et facile à descendre. Sauf qu’à cette heure-là les guides et leurs clients galèrent dans certains passages du torrent de Bérard.
14H
Voilà encore une belle journée dans les montagnes de Haute-Savoie. Elle se termine en beauté sous un soleil radieux devant notre van à siroter une bière belge bien méritée. Nous profitons des derniers rayons du soleil avant qu’il ne disparaisse derrière les Aiguilles Rouges. En définitive la magie opère à chaque ascension du Buet en ski de rando. Et continue d’opérer de longues heures après !
Alors prêt à gravir le sommet du Buet ? Un itinéraire facile et évident, une vue incroyable sur des sommets mythiques des Alpes et une descente de rêve au milieu des Aiguilles Rouges.
N’hésitez pas à partager cet article et nous racontez votre expérience au Buet.