Ski de randonnée autour de Trient

Et si vous nous suiviez en ski de randonnée autour de Trient. Je vous livre aujourd’hui notre course alpine préférée dans le Valais Suisse. A la clé une des plus belles vues sur le massif du Mont-Blanc. A portée de spatules s’élèvent l’Aiguille du tour, l’Aiguille du Génépi ou encore la Pointe des Grands. Collez les peaux de phoque sous les skis, allumez votre DVA et suivez le guid

Vendredi 25 Janvier

17h : nous arrivons au parking au hameau le Peuty, à la sortie de Trient. Nous passons la nuit ici dans notre van. Un groupe de skieurs arrivent, c’est de bon augure. En fait ils terminent leur descente après une dépose en hélicoptère à l’Aiguille du Tour. A priori c’est tout bon, de la poudre de haut en bas. Notre séjour en ski de randonnée autour de Trient s’annonce bien.

Objectif de demain : gravir l’Aiguille du Génépi.

Samedi 26 Janvier : Le col de Bérons 2902m

6h45 : le réveil retentit, sa sonnerie atténuée m’extirpe délicatement de mon sommeil. En fait j’ai dormi la tête dans le duvet, voilà pourquoi j’entends le réveil comme s’il était loin. La nuit fut glaciale. J’ai gardé mon pyjama, mes chaussettes et mes chaussons en duvet dans un sac de couchage qui permet de supporter -20°C. Tout en allumant le webasto, je repense aux paroles d’un ami parapentiste la veille. « Profitez bien de votre week-end en ski de randonnée, c’est sans doute le dernier ». Figée dans mon duvet, cette phrase prend déjà tout son sens. Mais pourquoi n’est-on pas parti au chaud  voler en parapente à Gréolières ? À cause de cette fameuse poudreuse tombée dans les Alpes avant-hier, bien sûr. L’appel de la neige fraiche gagne la bataille pour aujourd’hui.

8H : Nous voilà déjà dehors alors qu’une amie arrive pour randonner également. À peine le temps de lui demander son objectif, que notre température corporelle chute dangereusement. Finalement nous ne l’attendons pas et partons à tambour battant pour se réchauffer. Je crois que Mika et moi n’avons jamais eu un pas de patineur aussi rapide et motivé. Effectivement en peu de temps nous atteignons le chalet du glacier. D’ici les fumerolles des Aiguilles dorées nous indiquent un vent très fort en altitude. A dire vrai ce n’est pas bon signe pour la suite de notre périple.

9H30 : Vers 1800m nous attaquons la montée dans une ravine où coule un torrent. L’enneigement juste suffisant permet de monter sans mettre les spatules dans l’eau. Par contre un vent catabatique glacial descendant du glacier des Grands nous frigorifie instantanément. En météo de parapentiste, il s’agit d’une brise de montagne matinale dévalant les parois ombragées. Même le vent me ramène au parapente. A nouveau mon esprit vagabonde et je me demande ce que je fais là. Pourquoi avoir choisi un week-end ski de rando plutôt que notre nouvelle passion pour le vol libre. Je me revois lors de notre hike and fly à Dormillouse survolant le lac de Serre-Ponçon par une douce journée d’Automne. A défaut de réchauffer mes mains cela me met du baume au coeur. Je finis par me ressaisir ainsi mes skis glissent à nouveau efficacement dans la trace.

10H30 : Enfin le soleil nous adoucit doucement sous la croix des Bérons. Ce massif semble nous protéger du vent qui a eu un effet dévastateur sur le manteau neigeux. Peu importe, nous avons le col de Bérons dans le viseur ainsi que 2 collants pipettes nous faisant la trace.

11h30 : le pente se redresse sous le col, et le froid nous pique à nouveau. Le vent poursuit son oeuvre, la neige virevolte depuis la pointe des Grands. Puis lors d’une conversion une des peaux de phoque de Mika se décolle. Il fait tellement froid que nous ne parvenons pas à la recoller sous la spatule. Malgré cet aléa nous arrivons au col de Bérons : Mika à pied, moi sur les skis de randonnée mais mon esprit dans le ciel. 

Glacier du Trient le matin avec le vent fort sur les sommets
Glacier du Trient
Mika sur la trace sous le col de Bérons
Montée en direction du col de Bérons
Trace sur le glacier des Grands pour atteindre l'Aiguille du Génépi
Vue depuis le col de Bérons
Trace de descente dans un ravin
Descente sur le torrent qui descend sous le glacier des Grands

12h : Nous décidons de stopper la course du jour au col de Bérons. Non seulement la peau de Mika ne colle plus au ski, mais surtout le vent violent nous dissuade de poursuivre. La vue est dingue sur ce vaste glacier des Grands donnant sur l’Aiguille du Génépi et l’Aiguille du Tour.

Rapidement nous attaquons la descente en se faisant léger. Le vent a transporté beaucoup de neige. Alors les plaques à vent n’attendent que le passage d’un skieur pour se fissurer. Puis enfin la descente devient plus sereine, de beaux virages dans une poudreuse tassée nous redonnent la banane. Le voilà enfin ce fameux effet plaisir de la descente. Cette quête de la poudreuse pour laquelle nous avons choisi de faire du ski de randonnée autour de Trient.

13h : En définitive le meilleur moment de notre journée, c’est bien le casse-croûte ensoleillé au van accompagnée d’une bière fraiche forcément!

Dimanche 27 Janvier : La pointe des Grands 3101m

8h15 : Réveil tout aussi glacial que la veille, mais visiblement pas de vent sur les hauts sommets. Aujourd’hui nous remettons le couvert et tentons à nouveau l’Aiguille du Génépi. Nous partons un peu moins vite que la veille, mais tout de même un rythme efficace. 

11h00 : Curieusement en arrivant au soleil je ressens de plus en plus le froid. C’est peut-être l’arrêt crème solaire qui a eu raison de mes doigts. J’enfile donc les grosses moufles pour gravir la pente ombragée sous le col de Bérons. Le manteau neigeux n’a guère évolué depuis la veille, quoiqu’il nous parait plus stable. Malgré tout nous laissons une distance de sécurité entre nous deux. 

11h45 : Un fort venturi nous accueille au col. Mais il ne s’arrêtera jamais ce vent glacial. Heureusement Il nous suffit d’avancer d’une centaine de mètres sur le côté pour retrouver un air calme. Nous nous trouvons au col de Bérons à la lisière du glacier des Grands. Loin d’être seul ce dimanche, nous faisons le point sur la poursuite de notre objectif. L’aspect de la neige sous l’Aiguille du Génépi ne présage rien de bon : plaques à vent dû au transport de neige de la veille. Certains traversent le glacier et continuent vers l’Aiguille du Tour. D’autres choisissent la Pointe des Grands juste à droite du col. Finalement par sécurité nous optons pour cette dernière avec une montée plus courte et efficace. De plus l’ascension se fait sur une croupe rocheuse pour finir par un magnifique dôme peu pentu. Nous faisons glisser nos skis de rando sur une poudre légèrement tassée. Cela nous promet une belle session de glisse.

Trace depuis le col de Bérons pour atteindre la Pointe des Grands
Trace pour rejoindre la Pointe des Grans depuis le col de bérons
Mika ski sur le sac en direction de la Pointe des Grands
Mika sur la crête pour rejoindre la Pointe des Grands
Sev et Mika sur l'arête pour rejoindre la Pointe des Grands
Sev sur la crête avec la Pointe des Grands en toile de fond

12h30 : Le vent ne nous épargne vraiment pas ce week-end même à la pointe des Grands. Le sommet aurait pu nous servir de salle à manger pour un déjeuner avec vue grandiose, il en sera autrement. Quelques photos à la volée, un morceau de pâte d’amande en guise de repas et c’est parti pour la descente

Aiguille Verte avec les Drus
Aiguille Verte avec les Drus
Aiguille du Chardonnet
Aiguille du Chardonnet
Descente depuis la Pointe des Grands
Mika qui descend le ravin avant le chalet du Glacier

13H45 : Nous arrivons au van avec le soleil et sans vent ! heureux de cette magnifique journée en montagne, quoiqu’un peu frustré d’un deuxième échec pour l’Aiguille du Génépi. 

Lundi 28 Janvier : L’Aiguille du Génépi 3263m, peut-être.

7H45 : Comme dit l’expression, jamais deux sans trois. Alors aujourd’hui c’est parti pour la troisième tentative d’ascension de l’Aiguille du Génépi. Sev et Mika ne s’avouent jamais vaincus. Résilience, abnégation, persévérance, acharnement, motivation…Il en faut des qualités pour réussir un séjour en ski de randonnée autour de Trient. En tout cas premier bon signe : nous avons eu nettement moins froid cette nuit. J’ai pu dormir la tête en dehors du sac de couchage, plus facile pour respirer. Deuxième bon signe : j’ai enfin pensé à mettre le tuyau de chauffage dans nos chaussures de ski de rando. Ça change tout d’enfiler son pied dans un chausson tiède. Pour finir,  troisième bon signe : aucun skieur en vue sur le parking à part nous et notre van aménagé. Nous partons donc les premiers sur un itinéraire désormais bien connu jusqu’au col de Bérons.

11h30 : Ce lundi en Valais s’annonce sous un bel hospice. Non seulement la trace pour atteindre le col reste parfaite, les conversions bien marquées. Effectivement les skieurs du week-end ont pris la précaution de dévaler la pente en dehors de cette trace de montée. Ajouté à cela pas de venturi au col et une température ressentie presque agréable. Pour couronner le tout, nous observons avec surprise des traces sur la pente de l’Aiguille du Génépi. Apparemment hier de valeureux randonneurs ont facilité notre tâche du jour en traçant l’ascension. Mika et moi tombons rapidement d’accord sur la suite de notre randonnée. C’est enfin parti pour l’assaut final de l’Aiguille du Génépi.

Trace sur le glacier des Grands pour atteindre l'Aiguille du Génépi
Glacier des Grands qui mène à L'Aiguille du Génépi

11h45 : Depuis le col, le Génépi ne semble pas vraiment loin. Juste une traversée du glacier des Grands puis un ressaut final et c’est bouclé. En vrai sur le terrain, qu’est-ce qu’elle parait longue cette itinérance finale. Du coup nous avons le temps de constater qu’une poudreuse légère recouvre le glacier. D’ailleurs Mika ne manque pas de me faire remarquer l’option d’une descente en face Nord du glacier des Grands. Cela nous évite de passer à nouveau au col de Bérons que nous connaissons par coeur. La vision de descendre dans une face préservée nous permet d’avaler la pente finale sans encombre. Quand on dit que tout est dans la tête.

Panorama sur le massif du Mont-blanc depuis l'Aiguille du Genépi
Vu sur le massif du Mont-blanc depuis l'Aiguille du Genépi

13h : Nous y voilà enfin, l’Aiguille du Génépi et sa vue imprenable sur le glacier du Tour. Le sommet rocailleux est peu accueillant mais nous savourons le panorama. Dire que cela fait 3 jours que nous tentons cette ascension. En tout cas nous profitons de ce moment précieux seul au sommet face au massif du Mont-Blanc. Et comme prévu nous optons pour la descente en face Nord du glacier des Grands. Celle-ci nous offrira la plus belle des récompenses réconfortantes de ces trois jours polaires.

Sev qui en finit avec la descente sous le glacier des Grands
Sev qui en fini avec la descente du glacier des Grands
Passerelle sous le glacier du Trient

14h15 : c’est bien pour des journées comme celle-là que nous pratiquons le ski de rando. Le check et la banane jusqu’aux oreilles à l’arrivée au van en disent long. Après deux jours d’échec, la descente en parfaites conditions couronne notre réussite du jour. Je devrais même dire notre réussite de ces 3 jours de ski de randonnée autour de Trient. 

Bon plan

Hameau le Peuty au parking du départ des randonnées, calme assuré. Il n’y a aucun service mais qu’est-ce qu’on y est bien. Prévoyez tout ce qu’il faut, sinon passez côté France et roulez jusqu’à Argentière pour trouver quelques commerces.

Spot à van dans le village de Trient

Pour conclure, Trient propose un point de départ parfait pour randonner en étoile. Si vous deviez gravir un seul sommet, je vous conseille la Pointe des Grands. N’ayez pas peur de la distance et du dénivelé, presque 1700m. Faites le à votre rythme en partant très tôt, cela en vaut vraiment la peine. Son ascension ne nécessite pas de matériel pour évoluer sur glacier. Pas de stress à traverser une zone glaciaire traitre. Et surtout une face Nord Est sous le sommet qui offre une pente bien soutenue pour de belles godilles. Que du plaisir.

Alors prêt pour quelques jours en ski de randonnée autour de Trient ? Pour plus de renseignement, n’hésitez pas à nous contactez. Et partagez l’article s’il vous a plu.

Bonne glisse.

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