Le parachute de secours en parapente
S’il y a bien un sujet tabou dans le monde du parapente, c’est le parachute de secours. Il se cache derrière la fameuse poignée de secours de notre sellette. Parfois certains osent la toucher, d’autres tirent dessus dans un gymnase pour voir ce qui se cache dans la poche noire. Et si je vous faisais ouvrir les yeux sur cet accessoire de sécurité. Apprenez en plus sur cet ami qui vous veut du bien : qui est-il, comment choisir et entretenir votre parachute de secours et pourquoi s’en occuper personnellement.
Qu’est-ce qui se cache derrière la poignée de secours ?
Vous venez d’apprendre le parapente et durant vos stages les moniteurs vous ont parlé du parachute de secours. Sans se mentir, avouez que vous avez écouté sans vraiment vouloir entendre. Effectivement ce n’est pas le sujet que l’on apprécie d’aborder juste avant notre premier grand vol. Entre excitation et stress de s’élancer dans le vide, ce sujet tabou tombe comme un cheveu dans la soupe. Et pourtant le parachute de secours est un ami qui nous veut du bien. En définitive vous n’avez pas pu le prendre en main, ni même voir à quoi il ressemble. Cet aéronef de sécurité se cache bien enfermé dans une poche nommée pod. Vous voyez uniquement son extension à l’extérieur de la sellette : la poignée de secours. D’ailleurs il est recommandé de toucher cette boucle durant un vol : c’est ce que les moniteurs appèlent « faire la poignée témoin ». Bilan de l’exercice : vous connaissez l’emplacement de cet aéronef qui peut vous sauver la vie. Ainsi vous êtes censé être capable d’attraper la poignée du parachute de secours lors d’un incident de vol. Et pourtant vous n’avez toujours aucune idée de son aspect
Le choix de son parachute de secours
A l’issue de notre stage initiation, Mika et moi avons acheté parapente, sellette et parachute de secours. Pour faire simple nous avons choisi l’aile de notre premier grand vol dans notre coloris préféré, mais par contre une sellette bien plus confortable que celle de l’école. Quant au parachute de secours, nous n’avions franchement aucun avis sur ce sujet. Donc naturellement nous avons fait confiance aux conseils de notre vendeur. En réalité nous avons investi dans un dispositif à un prix abordable. C’est vrai après tout, on se dit qu’on ne va pas le voir ni l’utiliser alors on essaye de gratter quelques euros sur cet achat. Par contre pas question d’économiser sur la sécurité. En plus d’un prix raisonnable c’est un très bon compromis rapidité d’ouverture et taux de chute. Et il est également facile à replier soi-même puisque c’est un secours rond. En 3 ans nous l’avons aéré et replié au moins 6 fois. Finalement il présente tout de même un inconvénient : son poids.
Aujourd’hui avec 3 ans d’expérience, nous portons désormais une attention particulière et différente sur le choix de notre parachute de secours. Effectivement adeptes de hike and fly, nous montons presque exclusivement à pied sur les décollages. Ainsi la volonté d’alléger notre pack de vol pour préserver notre dos lors du portage, nous amène à nous intéresser au modèle de secours léger. Alors nous avons pris divers renseignements auprès de nombreux pratiquants et professionnels du vol libre. Au final la sélection de notre futur parachute de secours s’avère intimement liée à notre type de pratique du parapente : hike and fly, tour de bocal, soaring et dans un futur proche vol bivouac.
Au final nous avons acheter un SQR light pesant moins de 1kg.
Les différents types de parachute de secours
Donc comme je le disais précédemment, je recommande d’adapter le choix de votre parachute de secours à votre pratique du vol libre. En réalité c’est ce que vous faites pour sélectionner votre parapente ainsi que votre sellette. Finalement il doit en être de même pour votre aéronef de secours.
Mais comment s’y retrouver, me direz-vous ? Vous allez voir que ce n’est pas si compliqué puisqu’il existe seulement 4 familles de parachute : ronds ou hémisphériques, carrés, triangulaires et Rogallo.
Voyons rapidement les plus et les moins de chacun d’entre eux.
Le parachute de secours rond
Sans doute le plus répandu puisque c’est le plus économique et le plus facile à plier. Son poids important le rend peu séduisant. Puis côté stabilité et taux de chute, il se place moins bien que les autres modèles même s’il fait parfaitement le job. En conclusion il vous faudra apprendre la réception au sol en roulé boulé si vous ne finissez pas dans les arbres. Cette dernière option est parfois la meilleure issue pour préserver ses jambes et son dos.
Le parachute de secours carré
Il a comme réputation son extrême rapidité d’ouverture, moins de 3 secondes pour certaines marques. Comme atout, il faut ajouter sa stabilité en roulis et son faible taux de chute. Par contre le point négatif : la difficulté du pliage en comparaison d’un parachute rond. Pour ma part, pour avoir aidé un parapentiste lors d’un pliage de secours carré, je n’ai pas trouvé plus de difficultés que pour mon secours rond. C’est juste qu’il y a une ou deux spécificités à prendre en compte, elles se trouvent dans le manuel technique du produit.
Le secours triangulaire
Encore plus rapide à l’ouverture et plus stable que le parachute carré. De plus sa forme spécifique en 3 panneaux lui confère une stabilité pendulaire optimale. Vous descendrez à la verticale dans un taux de chute très faible pour une charge moyenne. Et vous pourrez même vous diriger à l’aide d’une poignée de commande, du moins vous éloignez d’obstacles dangereux. Il a tout pour séduire et existe même en modèle light.
Le parachute Rogallo
Sans doute la Rolls des parachutes de secours. C’est tout comme le parachute triangulaire en mieux. Moins de 2 secondes en temps d’ouverture, descente freinée et verticale ce qui peut vous sauver la mise en cas d’incident de vol proche d’une falaise, le tout pour un poids et un encombrement faible. Et surtout il est dirigeable !
Comment définir la taille de son parachute de secours ?
Maintenant que vous avez choisi la forme de votre parachute de secours, il faut sélectionner sa taille. Et tout comme pour le parapente, cela tourne autour de notre fameux PTV ou poids total volant. Finalement je retiens une à se poser : comment faire pour impacter le moins fort possible le sol ? Pour y répondre faisons une comparaison simple avec la taille du parapente. Lors d’un vol en air calme, si vous vous placez en haut de PTV d’une aile vous aurez plus de vitesse que si vous êtes en bas de PTV. Bref on peut le dire sous une autre forme : plus on se place sous une aile sur-toilée, plus ça va planer et descendre moins vite.
Donc pour un parachute de secours, cela revient à affirmer qu’il vaut mieux prendre un modèle à peine grand plutôt qu’une petite surface. Ainsi vous tomberez moins vite du ciel et peut-être que cela limitera la casse corporelle.
Généralement une règle consiste à dire qu’il faut prendre un parachute de secours 10 à 15kg au-dessus de son PTV. Par exemple pour ma part avec mon pack allégé, je serais à 65 kg de PTV, c’est pourquoi j’ai choisi le SQR light 80.
Les préconisations des constructeurs et de la FFVL ?
Si vous avez passé la théorie de votre brevet de pilote dernièrement, vous vous souvenez que la FFVL préconise d’aérer et replier son parachute de secours au moins une fois par an. Donc bien évidemment c’est ce que vous faites à minima dans le cas d’un stockage dans de bonnes conditions hygrométriques. En cas d’humidité il vaut mieux l’aérer plus souvent que pas assez et prendre le risque que le tissu reste collé. Le tissu du parachute de secours étant bien plus épais que celui des parapentes, il sèche plus lentement. Bref en l’aérant correctement vous vous assurez d’une bonne vitesse d’ouverture en cas d’incident. Alors pour ma part dire « au moins une fois par an » équivaut à le faire 2 fois à intervalles réguliers. A vous de voir, mais ne prenez pas votre sécurité à la légère. Nous passons parfois des heures à attendre sur un décollage. Alors qu’est-ce que c’est de sacrifier une demi-journée deux fois par an pour son pliage de secours.
Pourquoi aérer et plier soi-même son parachute de secours ?
En bon parapentiste, vous faites sans nul doute parti d’un club affilié à la FFVL voir même de plusieurs. Et chacun année principalement en hiver, des sessions aérage et pliage de parachute de secours sont proposées. Mais attention les copains ou la personne qui organisent ces journées ne sont pas là pour plier votre aéronef, ni en endosser la responsabilité. Ils sont présents pour vous guider dans les gestes et techniques en fonction de la forme de votre parachute. Si vous ne sentez pas de le faire vous-même ou n’avez tout simplement pas le temps, alors adressez-vous à des professionnels.
Mais finalement, pour en revenir à cette responsabilité du pliage, ne dit-on pas : jamais mieux servi que par soi-même ? C’est réellement de sa propre sécurité dont il est question. Et pour démystifier ce parachute caché sous nos fesses, dans notre dos ou dans une poche ventrale, quoi de mieux que de le tirer hors de son logement, l’armer, le jeter et constater qu’il sort efficacement du pod. Cette action répété plusieurs fois m’a libérée et rassurée sur le bon déroulement de l’extraction. Puis après un bon aérage, il faut prendre son temps pour le toucher et voir comment il est fait. Franchement dans notre vie de parapentiste nous plions et déplions un nombre de fois incalculables nos parapentes. Alors le faire à une ou deux reprises dans l’année pour le parachute de secours, ce n’est pas insurmontable.
Et c’est rassurant au final de l’avoir en main. En réalité vous constatez que ce n’est pas qu’un vulgaire bout de chiffon. Tout comme le parapente, lui aussi a nécessité étude, développement et contrôle avant d’être mis sur le marché. Désormais, prenez le temps de vous intéresser à votre parachute de secours. Je suis sure que vous vous poserez aucune question le jour il vous faudra tirer la poignée.
Pourquoi j’ai sorti et replié 2 fois de suite mon secours ?
Quelques jours après notre pliage de parachute de secours avec notre club, Mika et moi discutons avec un copain également présent ce jour-là. Il nous explique avoir recommencé l’opération à cause de doutes sur la façon dont on lui a dit de mettre le parachute dans le pod. Alors il a demandé conseil à un professionnel et lu attentivement les fiches techniques du pod et du parachute. Ainsi il a recommencé sereinement son pliage de secours.
Malheureusement cette discussion a eu l’effet de nous faire douter également. En vol mon esprit se mettait à penser à cette hypothèse que le parachute de secours ne s’ouvre pas. Alors comme Mika et moi échangeons beaucoup sur nos sensation en vol, nous avons fini par échanger sur cette crainte. Après réflexion, notre doute résidait dans le fait de ne plus savoir si nous avions bien lové les suspentes à l’opposé de la poignée. Alors nous avons décider de tirer la poignée et jeter le parachute. Finalement l’extraction a eu lieu correctement. Ainsi nous fûmes rassurés et cela confirma que nous avions fait comme il faut. Alors cela n’a posé aucun problèmes de recommencer. Répéter le pliage du parachute de secours à deux intervalles très proches a eu l’effet de me mettre en confiance. C’est vraiment bon à prendre en début de Printemps alors que la masse d’air risque de nous chahuter un peu.
Les 2 points-clés à respecter lors du pliage
Vous venez de passer une ou deux heures à quatre pattes par terre dans un gymnase avec les parapotes. Ainsi votre parachute de secours est sur le point d’être à nouveau en place dans la sellette. Il existe tellement de pod différents ainsi que de parachutes que je n’ai pas l’intention de vous proposer un tutoriel pour le pliage de votre secours. Par contre je souhaite mettre en avant deux points importants à vérifier pour conforter votre pliage personnel.
Première chose à respecter : vous devez placer le lovage des suspentes du parachute à l’opposé de la poignée de secours dans le pod. Ainsi le suspentage se déroule plus facilement.
Deuxième chose à vérifier avant de rentrer à la maison ou aller voler : tirer la poignée de secours tranquillement pour valider que le pod sort de son emplacement sans forcer. Malheureusement trop souvent certains secours ne s’extraient pas simplement à cause de fermetures mal mises en place. Je parle en connaissance de cause. Effectivement quelques mois plus tôt j’ai eu une mauvaise surprise au début de mon premier stage SIV, Le moniteur me demanda d’extraire mon secours, chose impossible car la fermeture-éclair n’était pas fermée correctement. Alors je me suis demandée avec des frissons dans le dos depuis combien de temps je volai ainsi. Par dessus tout je m’en suis surtout voulu de ne pas avoir identifié cette situation lors de mes prévols.
Que faire à réception d’un parachute de secours neuf ?
Vous venez d’acquérir un tout nouveau parachute de secours et vous dites « nickel je peux voler tranquille sous mon parapente pendant un an ». Mais finalement savez-vous réellement depuis quand il se trouve compressé dans son pod ? Difficile à dire, et un peu à l’image des dates de péremption sur les aliments périssables, doit-on y faire confiance. J’imagine que vous allez me traiter de paranoïaque. Mais pour ma part je préfère m’assurer que tout est OK. Alors pour m’envoler l’esprit libre, je préconise de déplier un parachute de secours neuf et l’aérer à sa réception. De plus si c’est un nouveau modèle, vous prenez ainsi le temps de le découvrir et le replier en ayant téléchargé la notice du constructeur.
Faut-il faire secours pendant un stage SIV ?
Certaines écoles de parapente proposent en fin de stage SIV de tirer le parachute de secours. C’est l’occasion de démystifier totalement ce moment que certains pilotes repoussent au péril de leur vie. Finalement il s’agit d’attraper fermement la poignée, tirer pour extraire le pod, armer et jeter. Bref dit comme ça, rien de sorcier. Mais en pleine autorotation avec une falaise à proximité, est-ce que le réflexe sera instinctif et efficace ? L’avoir fait une première fois sans autre stress que de finir dans l’eau froide du lac d’Annecy peut rendre la chose moins terrifiante ou moins honteuse. Un slogan de la FFVL dit « un tour, c’est secours ». Tirer secours ne diminue en rien le niveau d’un parapentiste, bien au contraire. C’est à nouveau faire preuve de la meilleure analyse et du meilleur choix dans une situation irrémédiable. Pour résumer, le bon côté de cette expérience c’est qu’en le vivant une fois, vous saurez à quoi vous attendre. Ajouté à cela le moniteur en radio vous explique comment affaler le parapente pour éviter l’effet miroir avec le parachute de secours. Et vous aurez à peine le temps de boire la tasse, que vous serez sorti de l’eau.
Par contre le mauvais côté, c’est que votre parachute va subir un vieillissement prématuré de l’orde de 50% de sa vie à cause de l’immersion dans l’eau. C’est donc un peu rageant dans le cas d’un parachute de secours flambant neuf. Sachant que pour vous assurer les 50% de vie restante, il faudra le faire sécher soigneusement plusieurs jours avec le tissu et les suspentes bien tendues. Oubliez le séchage à l’arrache au bord du lac simplement en faisant un peu de gonflage.
A bon entendeur, je vous laisse me dire en commentaire si vous avez la ferme intention de tirer le parachute de secours pendant votre stage SIV.
J’espère que la lecture de cet article aura démystifié le parachute de secours. N’hésitez pas à nous raconter en commentaire vos aléas de pliage ou autres anecdotes en lien avec cet élément de sécurité du parapentiste. C’est toujours formateur de partager ses expériences.