Le tour du bocal en parapente dans la vallée du Louron

Le tour du bocal en parapente dans la vallée du Louron pourrait bien vous convaincre de voler dans les Pyrénées. Imaginez une vallée large et accueillante, des montagnes verdoyantes aux doux reliefs arrondis et des lacs émeraude inaccessibles à pied surmontés de pics acérés. Pour que cette vision devienne réalité, suivez nos recommandations afin de réussir ce tour du bocal au départ de Loudenvielle.

Pourquoi monter à pied alors que c’est possible en volant ?

Quand Mika et moi avons appris à voler en parapente, c’était pour redescendre des montagnes en volant après les avoir gravies à pied. Aujourd’hui j’aspire à faire l’ascension de ces sommets en vol avec mon parapente. Et si je peux passer d’une montagne à l’autre, je ne vais pas m’en priver. C’est ainsi que depuis cet été quand les conditions sont optimales, je me surprends à réussir de jolis tours de bocal. Je n’emploie pas le terme de cross peut-être parce que je ne me sens pas légitime. Aujourd’hui pour moi la réussite d’un vol réside dans la beauté des paysages contemplés et non dans les statistiques kilométriques. En réalité mon déclic a eu lieu début Août à Samoëns avec cette attirance magnétique vers le Criou. J’ai réussi à l’atteindre par 3 tours de bocal différents, je ne vous explique pas mon bonheur. Enfin si justement. C’est pour partager avec vous ces moments magiques que nous vient cette idée d’article : le tour de bocal. En fait vous découvrirez comment boucler des itinéraires classiques dans des lieux où vous en prendrez plein les yeux. 

Chalet et sommet du Criou

Sev, le poisson rouge qui fait son tour de bocal

Mika vous dira que je suis devenue experte dans l’art du  tour de bocal  puisque c’est dû à mon petit surnom « Poisson rouge « . A moins que ce soit surtout dû au fait que je n’ai jamais envie de reposer les pieds sur terre. Je suis Balance et apparemment c’est un signe astrologique d’air. Alors cela explique peut-être à quel point je me sens bien dans le ciel. Et particulièrement lorsque je survole les montagnes. Alors j’espère vous partager ce plaisir avec cette nouvelle rubrique que vous retrouverez de temps en temps : le tour de bocal. J’aurai pu commencer par vous expliquer mon expérience autour du Criou. Mais une émotion bien plus forte m’a assailli ces derniers jours lors de nos premiers vols en parapente dans les Pyrénées. Alors pour commencer en beauté, je vous embarque sous ma Vivo pour le Tour du bocal de la vallée du Louron.

Logo du tour du bocal

Comment réussir un tour de bocal classique

En ce début Septembre, nous enchainons des vols fabuleux depuis Montclar en Ubaye. D’ailleurs nous réussissons à répéter le tour de bocal réalisé l’année dernière à la même époque. C’était pour Mika et moi notre premier cross en parapente, et quel itinéraire de rêve. Nous étions guidés par Christophe, Sylvie, Sabine et François, nos copains experts des vols en Ubaye. Aujourd’hui avec plus d’expérience c’est fabuleux d’être capable de refaire seul cette boucle. Désormais nous connaissons bien la météo et horaires idéals pour ce vol, les zones d’extractions, les transitions et caps à respecter et où trouver les thermiques efficaces. C’est tout ces points-clés qu’il faut à nouveau rechercher sur un nouveau site de vol pour réussir la tour de bocal classique. Alors la méthode la plus infaillible que nous ayons trouvée est la suivante : s’adresser à l’école de parapente du secteur ou à un local aguerri au cross. Généralement j’utilise les réseaux sociaux pour lier contact avec un parapentiste local. Et parfois il nous accueille sur son spot de vol pour nous partager son expérience. Franchement c’est cet échange sur le terrain avec un local que je préfère. Il nous dit à quel moment être au déco, nous explique avec le paysage quel cheminement emprunter, et nous met en garde sur les pièges aérologiques. Evidemment en complément nous regardons les traces Syride ou XCtrack pour s’inspirer des itinéraires déjà réalisés.

Lac de Serre Ponçon, Saint Vincent les Forts et Dormillouse

Découverte des Hautes-Pyrénées

Trois ans après nos premiers vols en parapente, il est temps pour nous de découvrir le ciel Pyrénéen. Nous devons aller au pays basque début Octobre alors c’est sur notre route depuis les Alpes du sud. Après une pause dans les Baronnies où pour une fois nous avons plus travaillé que volé, en moins de 10 heures de route nous arrivons dans les Hautes-Pyrénées. Nous avons jeté notre dévolu sur Loudenvielle dans le Val Louron. En fait c’est le guide Les plus beaux sites de vol de France des Éditions Chemin de Crêtes qui nous a convaincus de ce choix. En arrivant nous découvrons Loudenvielle un village au coeur d’une vallée verdoyante. La nature est magnifique, tellement verte, cela respire l’humidité et ça fait du bien. Le lac de Genos au coeur de cet écrin magnifie le paysage. Nous avons tellement hâte de découvrir ce tableau depuis le ciel sous nos parapentes.

Rencontre au sommet avec les parapentistes locaux

Et en cette fin d’été, les parapentistes affamés prennent d’assaut le décollage « 700 » de Loudenvielle. C’est le site idéal de départ en cross orienté Est/ Nord Est. A notre plus grande surprise, une multitude d’ailes étalées sur la pente attendent la mise en place des bonnes conditions. Alors nous avons tous loisirs d’observer et questionner les locaux sur le fonctionnement du site de vol

Lac de Genos avant Loudenvielle

D’ailleurs je constate que la sortie de décollage se fait le long d’un relief sous le vent de la brise de Nord. Je suis un peu perplexe mais rapidement j’obtiens des recommandations à ce sujet. Effectivement un pilote de Loudenvielle nous offre un briefing d’une précision hors pair. D’ailleurs son descriptif correspond exactement aux traces que nous avons trouvées la veille sur les carnets de vol syride. En fait je ne comprenais pas ces itinéraires. Mais les explications de ces parapentistes décortiquent le pourquoi de certains allers-retours. Quand je vous dis que c’est précieux de tirer les vers du nez aux pilotes locaux.

Trace de vol enregistrée du tour du bocal de la vallée du Louron
Etalage de voiles sur le déco 700

Les points-clés du tour de bocal de Loudenvielle

Décollage

Tuc de Labatiadère, 1700m

Extraction

La sortie de décollage se fait sous le vent de la butte coté à 1737m à gauche du décollage, puis il faut se replacer au vent de la brise et exploiter les thermiques sur les faces franchement Est ou même Nord Est. La crête de Pénaube au vent est particulièrement généreuse. Alors il vaut mieux parfois y aller directement plutôt que zéroter dans les thermiques désagréables sous le vent. Vous trouverez sans problème l’ascendance qui vous fera sortir.

Horaire

A partir de Septembre entre 12 et 13h30, sans doute plus tôt en été

La transition stratégique

Des faces Est le matin aux faces Ouest l’après-midi. Il y a sans doute de multiples voies qui permettent de réussir cette transition. Une des plus belles consiste à faire le plein à l’Estos, genre entre 2700 et 3000m c’est confortable. Alors vous poussez sur le barreau en direction de la montagne des Pichadères. Et normalement un thermique vous accueille sur sa face Ouest.

Espace aérien

LTA France 5 Pyrénées FL195

Les zones thermiques stratégiques

Côté Est : Le plateau entre le décollage et Peyres Aubes, vers le Nord au cap de Goupillac puis au cap de Trespadau. Ensuite au sud au Pic de Bassias puis entre l’Estos et le Pic de Sarrouyes. Côté Ouest : la montagne de Pichadères, puis vers le Montségu. Puis toute la crête au Nord du col de Peyresourde. Tout ceci est vrai à condition d’y être à la bonne heure. Il vous reste à lire la suite de l’article pour la stratégie horaire Fin Septembre, qui n’est peut-être pas la même en Juin.

Notre première expérience de vol de la vallée du Louron

Décollage 700, vers13h un affolement a lieu et tout le monde se met en vol. Nous observons ce ballet aérien mais sans perdre de temps non plus. Alors Mika et moi nous jetons dans la grappe formée dans la zone stratégique d’extraction. Impressionnée par ce monde, je travaille un thermique plus petit mais à l’écart de la grappe. Ainsi cela me permet de patienter le temps que les autres pilotes s’extraient. Puis finalement je me positionne là où l’ascendance est plus généreuse quand ils sont tous beaucoup plus haut. Et me voilà parti pour exécuter en partie le tour de bocal décrit pour le local. De son côté Mika, gêné par la multitude de parapentistes qui ne respectent pas les priorités, ne parvient pas à s’extraire. Voilà un premier vol découverte intéressant en préparation du vrai tour de bocal.

Décollage 700 et ces points clé à prendre en compte

Débriefing avec Manu, moniteur chez Odyssée Parapente

Le soir même de ce premier vol à Loudenvielle nous retrouvons Manu, moniteur d’Odyssée Parapente. C’est l’occasion pour nous de dé-briefer avec lui notre expérience du jour. Ainsi nous lui faisons part de nos difficultés à gérer l’extraction avec du monde. Et Mika qui se sent encore mal à l’aise avec la prise d’altitude. Manu s’identifie dans ce que traverse Mika pour l’avoir vécu également à ses débuts dans le vol libre. En réalité certains parasites émotionnels suffisamment puissants chez chacun de nous deux bloquent en partie notre progression. Et Manu a une idée derrière la tête pour nous aider à s’affranchir de ces éléments perturbateurs. Comme il a l’intention de voler le lendemain, il nous fait une proposition : être ses cobayes élèves parapentistes. En fait il va tester sur Mika et moi quelques-uns de ses outils pédagogiques. Puis nous volerons ensemble et il nous guidera en temps réel. Après un point météo tous les trois, nous validons que la journée à venir offre des conditions encore meilleures que celle du jour. Ainsi nous échangeons sur nos envies et objectifs pour le vol du lendemain. Nous tombons tous d’accord pour tenter le tour du bocal.

Récit du tour de bocal de la vallée du Louron

Randonnée sur le GR10

Quel plaisir de s’adonner au Hike and Fly dans les Pyrénées. C’est très dépaysant de randonner au milieu d’une végétation différente de celle des Alpes. Ici le symbole pourrait être la fougère comme en Nouvelle-Zélande. Nous stationnons à l’atterrissage à côté du lac de Génos, c’est ici que nous commençons la randonnée avec Manu. Malgré le poids de son sac plus important que le notre, il file comme un bouquetin sur le GR10. En suivant son rythme effréné, nous atteignons le décollage 700  en à peine 1h30. Il s’agit également du sommet nommé  » Tuc de Labatiadère « . Quelques ailes se mettent déjà en l’air mais ne tiennent pas. Malgré tout nous ne perdons pas de temps à nous préparer pour être prêt quand le cycle sera lancé. 

Mika sur le sentier de montées au décollage pour le tour du bocal de la vallée du Louron
Mika et Manu sur le sentier du tour du bocal de la vallée du Louron

Prévol et le rappel de l’objectif du jour

Visiblement nous ne sommes pas les seuls à envisager le tour du bocal de la vallée du Louron

aujourd’hui. Il y a déjà beaucoup de monde au décollage en cette journée fumante d’Automne. Et  ici les locaux ont pris l’habitude de laisser leur parapente étalé sur le déco jusqu’au moment du décollage. Peu importe le soleil, le risque de dust ou la gêne occasionnée, cet étalage peut durer 1 à 2 heures dans une cacophonie joyeuse. De notre côté nous gardons notre rituel : après observation des conditions de vent tout à fait acceptable nous réalisons notre prévol et mettons notre aile en bouchon sur le côté de ce champ multicolore. En nous mettant à l’écart pour grignoter nous observons ceux qui décollent. Et les conditions s’installent au-dessus de la crête de Pénaube. Alors Manu s’isole avec Mika pour un exercice de mentalisation d’avant vol. Puis à nouveau réuni tous les trois, il nous rappelle l’objectif dont on a discuté la veille. Puis nous enfilons casque, nos cocons, allumons le vario et la radio, attrapons notre parapente et trouvons une petite place sur le décollage.

Voile en attente sur le décollage du 700 avant le tour du bocal de la vallée du Louron

Décollage et l’extraction

Heureusement pour moi que j’ai passé le blocage dû au monde sur un décollage. En fait mise à part à Annecy pour le stage SIV de ce Printemps, j’ai rarement décollé avec autant de parapentistes en attente. Alors je me cale de sorte à pouvoir m’élancer même si ceux qui stagnent devant moi ne décollent pas tout de suite. Manu file le premier et évidemment Mika lui emboite le pas dans un contrôle parfait de son aile pour slalomer entre les obstacles. D’un coup cela s’affole sur l’aire d’envol car le thermique de sorti est de plus en plus généreux. Ni une ni deux je tire délicatement sur mes centraux, temporise et contrôle. Puis par quelques pas chassés je contourne un stabilo gênant étalé à mes pieds. Alors je fais quelques enjambées avec un appui ventral efficace et me voilà en vol le long du relief sous le vent. Aucune turbulence ne perturbe mon cap et je rejoins la zone d’extraction parfaitement matérialisée par une belle grappe. Contrairement à la veille, ils sont déjà haut alors je me place sans difficultés dans ce thermique d’extraction. Et c’est comme un jeu d’enfant de me caler dans cette ascendance généreuse en observant ceux qui sont au-dessus de moi. D’ailleurs ça décale au-dessus du relief où je rejoins Mika et Manu. En moins de cinq minutes je virevolte à plus de 2500m et aperçois déjà le Pic du Midi de Bigorre. Extraction réussie, il faut enchaîner et continuer jusqu’au plaf.

Faire le plaf et après ?

Les conditions du jour avec du vent météo faible rendent le thermique facile à exploiter. Appui sellette et commande intérieure enfoncée juste ce qu’il faut, un peu de contrôle avec la commande extérieur et j’arrive à 3000m. C’est juste dingue. J’ai décollé il y a à peine 10 ou 15 minutes et me voilà à contempler la vallée du Louron d’en haut. Par contre de son côté Mika semble plafonner un peu plus bas. En réalité il n’est pas dans le même thermique que Manu et moi. Notre moniteur du jour lui donne quelques instructions en radio pour le guider dans une meilleure ascendance. Mais rien n’y fait. Alors par quelques 360 engagé, notre moniteur du jour descend chercher Mika. Désormais tous deux dans le même thermique, Mika optimise son pilotage en appliquant les consignes données en radio. Ainsi il centre franchement mieux le noyau du thermique. Pendant de ce temps-là, je maintiens mon attente plus haut dans cette même ascendance. Alors c’est magique de les voir enrouler face à face et me rejoindre à vive allure, peut-être dans du + 3 ou +4 m/s. Maintenant réunis, nous nous mettons d’accord en radio sur notre objectif suivant. Classiquement sur les conseils des locaux nous aurions dû partir faire un point vers le Nord en direction d’Arreau. Mais visiblement ça monte déjà fort au-dessus de l’Estos alors nous filons directement vers le sud. 

Manu et Mika enroulent ensemble dans un thermique
Manu et Mika qui noyautent un thermique
Vallée du Louron coté Nord
Val du Louron coté Nord en direction d'Arreau
Transition vers le sud pendant le tour du bocal de la vallée du Louron
Transition vers le sud de la vallée du Louron

Première transition vers l’Estos

En partant à 3000m depuis Peyres Aube, j’arrive sous l’estos à 2500m. Un missile au Pic de Bassias nous remonte en rien de temps et nous décale vers le Pic de Sarrouyes. Dans cette combe nous continuons notre ascension jusqu’au plaf. A nouveau à plus de 3000m, j’en prends plein les yeux en survolant le lac de Sarrouyes. Même l’Espagne semble à portée d’aile. A cet instant du vol j’aurai bien aimé suspendre le temps pour mon selfie traditionnel. Mais visiblement Manu en a décidé autrement. Pas de temps ni de hauteur à perdre alors il nous propose de faire la transition Est à Ouest. Mais avant de s’élancer nous observons quelques parapentistes déjà sur le versant que nous convoitons. Ils reviennent de la vallée de la Pez. Mais ils cheminent sans rien trouver. Nous les voyons zéroter jusqu’à ce qu’ils arrivent sous le Pic de Pichadères où ils se mettent à enrouler. Un indice des plus précieux.

Sommet de l'Estros et vue sur le côté espagnol des Pyrénées
L'Estos
Selfie de Sev lors du tour du bocal de la vallée du Louron
Voiles entrain de monter au plaf vant de transiter sur les face ouest du val du Louron

La traversée de la vallée du Louron

Suite à cette observation, nous écartons l’idée de s’enfoncer plus au sud dans la vallée de Pez. Ainsi nous prenons cap en direction de la montagne de Pichadères. Qu’est-ce je me sens petite perchée au milieu de cette vallée magnifique. Je profite du calme de la transition pour faire un 360 et contempler le paysage. Finalement en poussant sur le barreau, nous arrivons vite sur les pentes Ouest. C’est d’abord intimidant de se rapprocher des faces austères qui nous dominent. Malheureusement la transition nous a fait perdre pas mal d’altitude, enfin en ce qui nous concerne Mika et moi. Alors avec notre parapente de catégorie B raisonnable, nous repartons à la chasse aux thermiques. Mika qui n’osera pas se rapprocher suffisamment du relief perd patience et nous dit en radio qu’il met cap sur les belles pentes herbeuses sous la station de Peyragudes. De mon côté par chance je suis arrivée pile dans un thermique et pas des moindre. 

Vallée du Louron
Vallée du Louron
Vue sur la vallée de saint Lary, point de passage vers l'Espagne
Vallée de Sain Lary, point de passage vers l'Espagne par la route
Transition pendant le tour du bocal de la vallée du Louron
Val Louron et l'Espagne

Raccrocher le Cap de Pales

Mes expériences estivales à la Dent de Crolles et au Criou m’aident à garder mon sang-froid dans ce thermique pêchu du pic de Pichadères. Sans attendre Manu continue le cheminement en suivant les reliefs et s’enfonce dans la combe du lac de Hourgade. Il continue en s’appuyant sur la crête du même nom. De mon côté comme je suis moins haute que lui je n’ose pas prendre la même trajectoire. Je vise le Nord de la crête de Hourgade sans trouver la moindre ascendance. Mais je garde ce cap et le suis par en-dessous jusque vers le pic de Montségu. Alors une colonne ascendante de diamètre énorme me remonte au plaf accompagné du son strident du vario qui s’affole. En réalité je ne m’attendais pas à cette puissance après l’heure de vol écoulée dans des thermiques relativement doux. Mais je ne m’en plains pas puisque plus je monte, plus les lacs d’Oô se dévoile. Je suis à nouveau à hauteur de Manu qui m’encourage en radio à continuer à le suivre.  Alors nous nous plaçons à l’aplomb de la crête et remontons de Montségu jusqu’au cap de Pales. Nous avançons environ 200 à 300m au-dessus de la montagne de l’Ourtiga. Tout semble désormais facile pour moi sur ces faces Ouest.

Lac de Nere vu depuis les airs pendant le tour du bocal de la vallée du Louron
Vu depuis les airs sur les lacs d'Oô
Lacs d'Oô

La transition du col de Peyresourde

Facile, il faut le dire vite. Curieusement depuis de longues minutes je ne fais que descendre. Je chemine vers le Nord et à l’approche du col de Peyresourde je ne suis plus qu’à 2200m. De toute manière mes stabilisos ne traversent aucune ascendance alors j’entame ma laisse de chien pour passer ce col. Vraiment je n’avance pas sereinement car la descente infernale continue. Finalement j’arrive de l’autre côté au Pic Arrouy mais avec très peu de marge. Et Manu perché au-dessus de moi me met en garde avec le vent d’Est qui arrive de Bagnères. Avec la parallaxe il me croit du mauvais côté et craint que je ne me fasse contrer. Ce n’est pas le cas, mais sa mise en garde a pour effet que je m’écarte du Pic Arrouy vers l’Ouest. Et par chance je tape dans un thermique salvateur qui me propulse à nouveau haut dans le ciel. Pendant ce temps-là Mika nous fait un point sur sa situation : il zérote vers l’altiport de Peyresourde sans arriver à s’en extraire. Finalement il nous annonce mettre fin gentiment à son vol satisfait de son tour de bocal de la vallée du Louron.

Transition vers les lacs d'Oô
Face Est de la vallée du Louron
Vu sur la vallée de Bagnères du luchon

Cheminement sur les crêtes

Maintenant il n’y a plus qu’à se laisser glisser d’une bosse à une autre en suivant la crête. Et là pour le coup sur ce versant ça marche fort, nettement mieux que du côté de la station de Peyragudes. De beaux barbules se transforment en cumulus bien actifs. Et quand j’arrive au Pic du Lion, le vario hurle à nouveau sur un ton effrayant. Je devrais apprécier mais là j’avoue que c’est presque trop pour moi. Je reste concentrée car c’est presque turbulent. Malgré tout je me motive à continuer à l’aplomb de Montious. Mais je me rends bien compte que j’ai dépensé beaucoup d’énergie depuis le début du vol. Mon mental commence à flancher.  Puis je ne vois plus Manu qui me dit être à Arreau. Les cumulus sous lesquels j’avance m’impressionnent. Effectivement je n’ai pas si souvent volé si près des nuages. Je devrais profiter de cet instant mais la fatigue crée une sensation de stress en moi. Alors je décide de ne pas aller plus loin dans ce tour de bocal de la vallée du Louron.

Cap à l’atterrissage du lac de Genos

Après avoir annoncé ma décision en radio à Manu, je fais demi-tour et observe le lac de Genos au loin. Avec le recul à l’entrée de la vallée, je m’émerveille du parcours que je suis en train de boucler. Et pour finir dans un glide final tout doux, je décide de m’appuyer sur les versants Est désormais à l’ombre. A ma grande surprise je plane certes en douceur mais je ne perds presque pas d’altitude. Alors je peux contempler à profusion cette vallée du Louron qui vient de m’offrir des conditions de rêves. Je finis ce tour de bocal depuis Loudenvielle par quelques 360 dissipés et pose à côté du lac dans une légère brise venant du Nord. 

Lac de Loudenvielle au pied de la vallée du Louron

Bilan de ce tour de bocal

Pour les amateurs de statistiques, j’ai validé ce tour de bocal de la vallée du Louron en 2H11 avec une vitesse moyenne de 15km/h. En ce 26 Septembre 2023, j’ai atteint un plafond maximum de 3169m avec un vario max à +4,5 m/s. En distance cumulée, cela représente 68km.

Mais au-delà de ces chiffres, j’ai réalisé un des plus beaux vols de ma jeune vie de parapentiste. L’aide de Manu fut précieuse pour certains passages clés. De son côté Mika a également agrandi sa zone de confort. Lui qui sortait rapidement des thermiques, passe également allègrement la barre des 3000m ce jour. Et il se sent plus combatif que jamais. Bref, nous repartons du Val Louron sous le charme de cette vallée verdoyante. Désormais nous savons comment voler en parapente depuis ce spot. En quelques vols nous avons décrypté les passages clés pour faire le tour de bocal. Et nous ne nous priverons pas de revenir à nouveau dans les mois ou années à venir pour élargir la balade aérienne.

J’espère que ce premier récit de tour de bocal vous donnera envie d’explorer les Pyrénées sous votre parapente. Je compte sur vos remarques ou commentaires pour m’indiquer si j’ai partagé suffisamment d’informations. D’ailleurs n’hésitez pas également à partager d’autres renseignements qui pourraient être précieux.

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