Progresser en parapente avec les stages d'application de l'ENSA
Vous rêvez d’apprendre à voler en parapente ? Continuer à progresser après votre stage initiation ou progression. Vous voulez enrouler les thermiques ? Un stage dans une école reconnu par la FFVL vous aidera à atteindre tous ces objectifs de vol. Mais savez-vous qu’il existe une autre solution ? Imaginez un stage sur mesure comme un cours privé, 4 moniteurs pour encadrer 4 stagiaires. En plus vous n’allez pas me croire si je vous dis que cela vous coutera nettement moins cher qu’un stage normal. Alors, curieux de savoir de quoi il s’agit ? En fait, Mika et moi avons testé le stage d’application de l’ENSA pour le vol libre. Je vous explique tout ce qu’il faut savoir sur cette expérience enrichissante.
Quoi/ Comment on a connu
20 ans en arrière, nous parcourions les glaciers alpins avec notre club de randonnée FFME. Un de nos chefs de course nous indiqua la possibilité de gravir des sommets encadrés par des aspirants guide en formation. Le principe étant d’intégrer une cordée guidée par un élève guide sous la surveillance d’un guide de l’ENSA. S’il coche toutes les cases de sa mission, il valide la partie pratique de sa formation.
Depuis peu avec l’avènement du vol libre, les stages d’application de l’ENSA couvrent le parapente. Ainsi en parcourant le forum de vol chant du vario, Mika redécouvrit l’existence de ces stages d’application.
Le principe est simple, en tant que stagiaire vous servez de cobaye aux futurs diplômés. Imaginez une formation où 4 élèves moniteurs encadrent 4 stagiaires sous la surveillance de 2 examinateurs experts du vol libre. Incroyable mais vrai. Finalement cela s’apparente presque à des cours privés sur mesure. Et cerise sur le gâteau, vous débourserez environ 300 euros contre 600 dans une école FFVL.
Faut-il s’inquiéter d’être encadré par des élèves moniteurs de vol libre ?
Cursus
Ces élèves prétendent au DESJEPS, diplôme d’état de la jeunesse, de l’éducation populaire et du sport. Cette formation a gagné en difficulté ces dernières années pour une qualité d’enseignement du parapente dans les écoles FFVL. Vous conviendrez que c’est heureux pour nous stagiaire d’un de ces stages d’application de l’ENSA. D’autant que suspendus sous les suspentes d’une aile, nous obéissons les yeux fermés à la petite voix de la radio. Bref, le cursus dure 2 ans avec une alternance à l’ENSA et dans une école FFVL en tant que stagiaire moniteur. D’ailleurs lors d’un de vos stages vous avez peut-être été guidé par l’un d’eux. Ils ont déjà un tel niveau de vol sous leur aile, qu’ils encadrent déjà des stages en binôme avec un instructeur diplômé. Nous avons été piloté lors de nos stages progression à Mévouillon par Nico, stagiaire moniteur depuis peu et si doué.
Un parcours du combattant
Connaissez-vous le chemin parcouru par ces parapentistes avant d’intégrer la formation de l’ENSA ? Un long parcours que seuls de véritables passionnés peuvent achever. Ils doivent obtenir brevet de secourisme, tous les brevets du vol libre et valident la qualification bi-place. Ajouté à cela, ils parcourent des kilomètres sous leur aile pour apparaitre dans le classement officiel de la coupe fédérale distance. Pour finir ils doivent mettre noire sur blanc leur expérience des dernières années dans l’encadrement en parapente. En conclusion vous n’êtes pas entre les mains de jeunes débutants de cette discipline aérienne.
Pourquoi participer à ces stages ?
En intégrant un stage d’application de l’ENSA, vous contribuez à l’avancement du projet des futurs moniteurs de vol libre. C’est pour eux un immense investissement en temps et en énergie. Si suffisamment de stagiaires comme vous et moi s’inscrivent, alors c’est l’assurance du maintien de l’examen pratique. Imaginez un cursus de 2 ans qui se voit rallonger par manque de cobaye. Et au-delà de l’engagement sportif, c’est également un investissement financier conséquent pour leur avenir professionnel. Bref vous vous sentirez utile et ils vous chouchouteront comme jamais.
Ajouté à cela, je vous rappelle que la semaine de stage se déroule avec 4 élèves instructeurs et 2 examinateurs. Chaque élève pilote une journée du stage avec un binôme plus discret. Quoiqu’il en soit, ce sont tout de même 6 passionnés de vol libre aux petits soins chaque jour pour vous. Quelque soit vos questions, vous aurez forcément les réponses. Et croyez-moi, ils sont bienveillants et généreux en conseil. Mais ça vous vous en doutez puisque vous connaissez sans doute déjà le monde merveilleux du parapente.
Puis changer de moniteur chaque jour apporte une pédagogie à chaque fois différente. Vous avez sans doute vécu des stages où vous n’aviez pas un bon feeling avec la méthode du moniteur. Ici avec 4 moniteurs, c’est 4 fois plus de chance qu’une méthode vous convienne. Il y en aura forcément un qui aura la même sensibilité que vous. Ainsi la relation de confiance établie favorisera votre progression.
Pour quel pratiquant du vol libre ?
Débutant ou déjà expérimenté, il y en a pour tous les niveaux définis par la FFVL. Donc même si vous n’avez jamais volé en parapente, vous pouvez vous inscrire pour débuter de zéro. Effectivement les stages d’application de l’ENSA commencent dès le niveau orange, à savoir le stage initiation. Puis perfectionnement et progression pour le niveau vert qui valide le brevet initial, les prémices de l’autonomie. Pour enchainer avec le niveau bleu attestant du brevet de pilote qui valide la capacité de voler sans assistance en local de divers sites en conditions variés. A ce stade, vous goutez aux ascendances lors du stage de perfectionnement en thermique. Pour finir, les parapentistes aguerris accèdent également au stage cross.
Comment ?
Compte tenu du peu de session, je vous recommande une inscription le plus tôt possible sur le site de l’ENSA. Il est possible que vous soyez mis sur liste d’attente. Mais pas de panique, les désistements peuvent jouer en votre faveur. A vrai dire nous avons été dans ce cas. Par chance un des stages d’application de l’ENSA manquait de candidat. En conséquence la thématique a été adaptée à notre besoin. Quand je vous dis que ces formations s’apparentent à des cours individuels sur mesure.
Quand ?
Comme pour les écoles FFVL, les stages se déroulent de mai à Octobre. Peu de date en Juillet Aout, les élèves moniteurs travaillent dans leurs écoles respectives.
Où ?
Concernant le lieu du stage d’application ENSA, vous n’aurez pas pléthore de choix. Ils ont essentiellement lieu en Rhône-Alpes et en PACA. Mais franchement vous avez de quoi vous faire plaisir avec la dizaine de sites de vol proposé. Imaginez une semaine de vol en parapente à Saint-André-les-Alpes face au lac de Castillon. Ou alors que diriez-vous d’enrouler les thermiques fumants de Saint-Hilaire. Finalement vous vous régalerez peut-être pendant le soaring de Buc à Mévouillon face au Mont Ventoux. Bref vous l’aurez compris, il y en a pour tous les goûts et toutes les pratiques du vol libre.
Notre expérience en stage d’application de l’ENSA à Barcelonnette ?
Notre inscription initiale en Mai nous promettait de voler en parapente à Annecy, la Mecque du parapentiste. Malheureusement avec le succès de ce site, nous nous retrouvons en liste d’attente. Et pas d’autres dates pour le perfectionnement thermique que nous convoitons. Mais par chance début Août l’ENSA nous contacte pour une nouvelle date et un nouveau site. Nous chasserons les ascendances en Ubaye à Barcelonnette en septembre.
Lundi
C’est ainsi que nous nous retrouvons tous ce lundi matin chez Ubaye-parapente.
La team formation : les élèves moniteurs Blandine, Baptiste, David et Ferdi sous le contrôle de Rémi et Luc les examinateurs.
La team cobaye : Marc, Mika, moi et c’est tout !
Contrairement à un stage dans une école FFVL, briefing et débriefing prennent une place prépondérante. Cela commence par la présentation de chacun, y compris les moniteurs. Nous parlons principalement de notre expérience acquise et surtout de nos besoins à venir. Mika et moi mettons en avant notre volonté à moyen terme d’aller vers le vol rando. Mais aujourd’hui nous avons besoin d’accompagnement dans ces fameuses ascendances thermiques. Mika a le sentiment de ne jamais réussir à se mettre dans une ascendance. Quant à moi je n’ai vécu que secousses et turbulences dans ces colonnes montantes. Au point de les assimiler à des zones malveillantes. Bref nous avons conscience que notre vie de parapentiste ne pourra pas exclure les thermiques. Nous devons apprendre le pilotage actif dans le but d’apprivoiser ces bulles chaudes.
En définitive après les présentations, le stage d’application l’ENSA commence comme un stage normal. A savoir une petite session de gonflage sans vent pour faire connaissance. Dernièrement un décollage hasardeux sans vent me laisse dans un manque de confiance total. En peu de temps David se rend compte de ce qui ne va pas dans ma façon de faire. Ainsi il me donne rapidement une clé pour améliorer ma technique de dos voile sans vent. Technique que Mika et moi devons impérativement maitriser pour les décollages en montagne déventée. Pour valider cet exercice, nous décollons tous dos voile depuis le site de vol Point de vue. Viens ensuite le débrief de nos impressions pour cette découverte de site avec la brise déjà forte à l’atterrissage. Puis il faut se réhabituer aux ordres donnés en radio.
Ainsi après une matinée sur le terrain, la météo capricieuse transforme l’après-midi en cours d’analyse météo. C’est primordial de savoir choisir le moment pour aller voler en parapente. En fait nous analysons correctement les prévisions pour des vols balistiques. Mais le sujet de la semaine nous amène à voler dans les thermiques. Donc David nous montre comment identifier une masse d’air instable propice aux activités thermiques. Encore faut-il savoir évaluer la dose d’instabilité. De fil en aiguille nous avons rétrospectivement réalisé le point météo du jour. Puis Baptiste nous demande de préparer le point météo du lendemain. A seulement 3 stagiaires, nous avons l’opportunité de poser de nombreuses questions. Nous avons même eu le temps de sortir un secours et de le replier. Et surtout nous échangeons beaucoup sur nos impressions, nos hauts et nos bas. Les fameux débriefings, ou savoir mettre des mots sur des sensations.
Bref une première journée fort enrichissante.
Mardi
Baptiste, moniteur du jour nous demande d’annoncer le point météo comme apprit la veille. Après un échange studieux, nous commençons la journée par le magnifique vol depuis Soleille Boeuf. Briefing d’avant vol très précis car Il espère nous piloter dans les thermiques. Son but : nous faire entrer dans le thermique, enrouler, sortir du thermique, descendre puis entrer à nouveau dans l’ascendance. Belle utopie. En pratique on fera tous les 3 un quasi plouf, masse d’air peu instable. Résultat, séance de gonflage à l’attéro avant que la brise de vallée forcisse. Et oui je vous l’ai déjà dit, dans un stage d’application de l’ENSA vous ferez les mêmes exercices qu’en stage normal. Sauf que pour le gonflage, vous aurez un moniteur collé à votre sellette. Un véritable cours privé de gonflage.
De retour de pause déjeuner, Baptiste sort une arme imparable. Il nous propose un vol en bi-place pédagogique à Saint-Vincent-les-Forts au-dessus du lac de Serre-Ponçon. Son objectif : nous faire ressentir l’entrée dans le thermique avec les mouvements pendulaires liés aux ressources et abattées. Il aspire ainsi à nous enseigner le pilotage actif nécessaire au contrôle de l’aile.
Quelle expérience incroyable de se laisser porter et d’avoir juste à contempler. En réalité, tous les sens sont à l’écoute. En même temps que j’observe le mouvement des commandes, Baptiste m’explique ce qu’il fait. Je savoure chaque instant de ce vol bi-place incroyable. Mais en même temps, je me demande déjà si j’arriverai à reproduire ce que j’observe.
Mercredi
Ferdi va devoir se surpasser aujourd’hui pour faire mieux que le bi-place pédagogique de Baptise. Pour commencer, le point météo prévoit une masse d’air plus instable que la veille. Afin d’optimiser le créneau d’ascendance avant l’arrivée de la brise à l’attéro, nous décollons aux alentours de 10H30. Le briefing d’avant vol donne les consignes à appliquer en vol, finalement les mêmes que la veille. Blandine fait le fusible, enfin elle va surtout nous matérialiser le thermique. Puis rapidement on s’élance les uns après les autres. Et là ce matin, la magie opère. Tout semble facile et naturel avec la petite voix de Ferdi qui me glisse quelques consignes. Et je me surprends à ressentir la ressource et donc redonner de la vitesse à mon aile. Pour ensuite la temporiser à l’arrivée de l’abattée. J’agis au moment où je ressens les mouvements sans me poser de question. Je ralentis et engage un virage en relevant la commande extérieure.
Contrôle du cap en me remettant au vent et continue à virer. J’enroule dans un thermique tout tranquille, je me sens bien. Tellement bien que la petite voix de la radio me sort de ma concentration euphorique. Ferdi me dit « Sev, tu te rappelles de ce qu’on a dit au sujet du vol près des nuages ? » Alors je lève la tête et vois mon aile très près du nuage. Je n’ai pas d’autre choix de m’échapper en bordure de celui-ci en accélérant puis de descendre en faisant les oreilles.
La séance théorique de l’après-midi sur les méthodes de descente rapides m’ont appris d’autres techniques plus efficaces que les simples oreilles.
Jeudi
Blandine prend le relais en nous proposant de mettre en application le cours sur les descentes rapides. Chacun choisit un exercice qu’il souhaite réaliser. La météo des Alpes du sud nous permet de réaliser 2 vols ce matin. Sur le premier, nous réalisons tous des exercices d’oreilles accélérées et oreilles roulis. Lors du second vol, chacun fait une manoeuvre de descente rapide plus complexe que les précédentes. Pour ma part, j’ai opté pour les grandes oreilles. J’ai ainsi pu constater un taux de chute nettement plus important. C’est finalement primordial de maitriser des outils de descente lorsque l’on aspire à monter de plus en plus haut. Une situation turbulente, ou un changement de temps peut nous amener à souhaiter poser alors que ça monte de partout.
Blandine orientera la théorie de l’après-midi principalement sur le débrief des exercices. Elle nous pousse à mettre encore plus de mots sur nos sensations. On abordera la notion de stress comme de nombreuses fois ces derniers jours. A vrai dire voler en parapente, ce n’est pas que de la contemplation. C’est parfois des doutes et des moments d’appréhension. Pour ma part l’approche du décollage génère du stress qui n’a pas échappé aux élèves moniteurs. Ferdi m’a d’ailleurs conseillé de lire un article de rocher bleu pour contrôler cette anxiété.
Vendredi
Dernière matinée, chaque élève moniteur passe à nouveau sur le grill. Chacun mène tour à tour une session de vol ou une analyse qui sera décisive. Pour nous cobaye c’est à nouveau le plaisir de sentir la portance de nos ailes au milieu du ciel de l’Ubaye. Nous avons tellement appris durant ce stage d’application de l’ENSA avec nos 4 élèves moniteurs.
La dernière pause déjeuner nous offre l’occasion de débriefer avec toute l’équipe. Les examinateurs nous demandent d’expliquer à chacun les bons et les mauvais côtés de leur méthode. Effectivement il existe de réelles différences d’un moniteur à l’autre. Il ne s’agit pas uniquement de l’aspect humain, mais également la préparation de leur feuille de route de la journée.
Bilan
Finalement nous 3 cobayes validons haut la main leur examen pratique. Mais malheureusement ce ne fut pas le choix des examinateurs, 2 reçus et 2 en rattrapage. Et oui c’est comme pour le bac, ils ont une deuxième chance. Ils ont 1 mois devant eux pour se préparer à nouveau au stress de cet examen. De leur côté les 2 reçus peuvent d’ores et déjà avancer vers leur projet professionnel. Quant à nous 3 les cobayes, nous quittons Barcelonnette comblé par cette formation. Ils nous ont armé de nombreux outils et ouvert des verrous bloqués. Chaque moniteur a eu une influence particulière sur l’un de nous 3. Les bienfaits d’être encadré par 4 personnes très différentes sont inestimables. De leur côté les examinateurs ne se privaient pas de nous donner de nombreux conseils à l’écart des moniteurs. Bref à nouveau un stage intense en sensation et dense en apprentissage.
Une chose est sure, nous partagerons à nouveau de bons moments de vol avec eux. Ils travaillent tous en Haute-Savoie entre Chamonix et Annecy. Que des lieux où Mika et moi rêvons de voler. Passé le stage, leur disponibilité fut sans failles pour nous renseigner sur des conditions de vol sur leur secteur. Quelle précieuse bienveillance et disponibilité.
Pour l’anecdote, au moment où j’écris cet article nous avons déjà retrouvé par hasard David sur notre 1er vol rando à la Bourgeoise.
Alors prêt à réserver votre place dans un stage d’application de l’ENSA pour le vol libre ? Vous hésitez encore ? Posez-moi les questions qui vous font douter. Je me donne l’objectif de vous convaincre de contribuer au bon fonctionnement des examens de nos futurs moniteurs. Grâce à eux nous avons réalisé le rêve d’Icare. Alors on leur doit bien ce service.
Et partagez l’article à vos amis, ils ont peut-être également envie d’apprendre à voler en parapente