Comme de nombreux parapentistes, je n’arrivai pas à partir en cross en parapente. Non par faute d’expérience mais pour une simple raison : le problème du retour en auto-stop. Vous aussi vous êtes dans ce cas ? Alors pour vous aider, je vais vous raconter comment j’ai levé ce blocage. Et surtout je vous partage mes deux premières expériences particulièrement marrantes de retour de cross de parapente en auto-stop. Tendez le pouce avec moi et embarquez en voiture.
Première sortie de bocal du Poupet
Mika vous dira que je suis très contradictoire dans ma pratique du parapente. Effectivement comme tous parapentistes j’ai des peurs. Parfois certaines me bloquent totalement mais pas tout le temps. En fait un jour je pars en vadrouille dans le bocal et le lendemain je fais l’essuie-glace devant la falaise. De temps en temps sur certains vols j’accepte les turbulences ou les thermiques péteux, alors que j’écourte d’autres vols très rapidement quand je ne me sens pas bien. Dans ma progression, l’été dernier j’ai réalisé mon premier cross en parapente à Saint-Vincent-les-Forts, puis un joli tour de bocal à Gourdon dans l’hiver. Depuis c’était néant jusqu’à la semaine dernière. Mise en confiance par mon second stage SIV en parapente, je me surprends à suivre les copains du Poupet. Faut dire qu’il y a du monde dans le ciel du Jura ce jour-là puisque Tom Chauvin entraine un groupe de cross de la ligue de Bourgogne-Franche-comté. Comme la grappe de volants cartographie le ciel, c’est facile pour nous de voir les zones ascendantes.
Mais pas simple de suivre le rythme lorsqu’on vole sous une aile de catégorie B, alors que cette grappe vole en C et D. Donc rapidement nous nous retrouvons distancés. Finalement commence notre petit périple avec un autre couple.
L’aide des copains pour avancer
Ainsi Mika et moi nous aidons des trajectoires de Laure et Mathias, couple jurassien adepte de vol bivouac. Mathias a une très longue expérience du site du Poupet, de son côté Laure vole depuis trois ans comme nous. Donc naturellement Mathias mène notre petite escadrille de piou-piou. De son côté Laure trouve des thermiques inespérés et nous aide à sortir de points bas proche du vachage. Petit à petit de bulles en bulles, entre ascendance et cheminement nous survolons d’abord Arbois. Puis notre groupe explose. Se sentant à la traine, Mika préfère revenir sur ses pas et boucle un triangle à plat en revenant à son point de départ. De son côté sous son aile très allongée Mathias ne cesse de prendre de la hauteur et aide Laure à la peine. Dire que dix minutes avant, elle nous dégotait tous les thermiques. Malgré tous ses efforts elle assure un atterrissage avant Poligny dans un champ fauché entre deux parcelles de vignes. Quant à moi ne sachant pas me mettre en attente comme les crosseurs expérimentés, je profite d’un excès de confiance pour continuer. Par chance chacune de mes petites transitions m’emmène dans une bulle ascendante. Alors je parviens à traverser Poligny sereinement et reste près du relief au-dessus de la Croix du Dan. Mais à partir de là je suis perdue. Désormais seule je ne sais plus où me diriger.
Alors je commence à penser au retour en auto-stop. Et donc pour rentrer facilement, il faut que je vache non loin d’une route. Me sachant proche de Poligny je prends la décision de poser. Ainsi se termine ma première sortie de bocal du Poupet dans la combe de Miery dans un champ de blé fauché.
Mon premier retour de cross de parapente en auto-stop
Alors que je plie mon parapente en bordure du champ, aucun véhicule ne passe sur cette petite départementale isolée. Je regarde ma position sur Google map. En réalité je me trouve à 5 km de Poligny alors que je m’en croyais proche. Je fais une fixette avec cette petite ville car y passe la nationale ramenant facilement vers le Poupet. Après un rapide calcul, je réalise qu’une heure de marche sera nécessaire si aucune voiture ne me prend en stop. Mais comme par miracle, une voiture arrive. Sans réfléchir je me jette littéralement au bord de la route et tends le pouce. Bingo, le véhicule s’arrête et m’emmène à Poligny. En moins de cinq minutes de papotage, la conductrice me demande les coordonnées de l’école de parapente du Poupet. C’est incroyable comme apprendre le parapente attire de plus en plus de personnes. Après un trajet agréable m’évitant une de randonnée sur route, ce premier stop me confirme l’importance stratégique de bien choisir son lieu de vachage. Bref cette première étape qui s’annonçait compliquée est passée, sur la nationale tout devrait être plus facile.
Trouver un point de stop stratégique
En quelques minutes de marche je me positionne au rond-point à l’entrée de Poligny sur la nationale en direction de Besançon. Ce samedi après-midi, le flux de véhicule semble optimal pour un retour de cross de parapente en auto-stop. Effectivement après peu d’attente une voiture s’arrête sur le bas-côté. En ouvrant la portière passager, je découvre un conducteur assez âgé. Certes c’est cliché de dire ça mais cheveux et barbe blanches, je me dis que ça va être un retour en mode pépère. A peine mon parapente déposé sur la banquette arrière et mes fesses dans le siège passager, que la voiture démarre en trombe.
En route pour le rallye du papy
Ok pas de panique je verrouille rapidement la ceinture. Et commence alors ce que je nomme le rallye du papy en mode j’ai laissé ma courtoisie à la maison. Dès que le phare rouge de la voiture devant lui s’éclaire, des mots peu polis sortent de sa bouche. Je perçois même une invective concernant la gent féminine, genre femme au volant et blablabla. Hors de question de laisser passer ces grossièretés. Alors avec humour je le reprends non sans crainte de me faire éjecter de la voiture. Finalement tout le contraire, il semble apprécier ma repartie. Et il m’assure que le « elle » c’était pour parler de la voiture et non de la conductrice. Sur ce coup il s’en sort bien, mais en parallèle il ne ralentit pas pour autant. Pour ceux qui connaissent la région, nous descendons les monts de Buvilly comme dans une course de côte. Et j’allai oublier la cerise sur le gâteau. Effectivement je ne vous ai pas parlé de la playlist de sa clé usb branchée dans l’autoradio. Ben oui c’est un papy moderne qui vit bien avec les temps modernes. Enfin presque. Alors à votre avis, sa préférence musicale en ce jour de rallye ?
Moi j’aurai bien vu pour la circonstance « highway to Hell » de ACCD. En réalité c’est le dernier album de Pierre Pierret qui tourne à fond dans les enceintes de la voiture. En résumé je suis en train de vivre un moment improbable : un papy qui roule à fond les ballons avec Pierre Perret dans les enceintes. Bref voilà comment je suis rentrée en moins d’une heure à mon point de départ après un cross en parapente de presque 2 heures. Je m’en souviendrai de ce premier retour de cross en auto-stop.
Retour dans les airs le lendemain
Battre le fer pendant qu’il est chaud. Voilà l’adage que j’ai appliqué le lendemain de l’anecdote précédente. Même effervescence au décollage du Poupet avec une équipe de parapentistes prête à avaler des kilomètres. Nous voulions nous mettre en vol rapidement avec eux. Mais quelques déconvenues de pilotes peu expérimentés nous empêchent de profiter de la grappe. Finalement ce ne sera pas un problème puisque le thermique à droite du décollage me propulse efficacement à 1200m. Malheureusement les crosseurs expérimentés avancent déjà à vive allure. Ils ne sont déjà plus que de petits points sombres dans le ciel.
Même cheminement que la veille
Par manque de curiosité ou peur de l’inconnu, je m’élance dans le même cheminement que la veille. Et par bonheur je retrouve les mêmes pompes au même endroit, que la nature est bien faite. A ce moment, j’en suis presque à me dire que le cross en parapente est facile. Sauf que je fais beaucoup de points bas. Certes je vois d’autres parapentistes bien perchés mais je ne peux pas les rejoindre dans leur ascendance. J’ai opté pour une trajectoire devant le relief alors qu’eux évoluent au-dessus du plateau. Donc je me concentre pour passer la combe où j’ai vaché hier. Mais les thermiques anémiques me font perdre patience. En conséquence c’est le moment où je prends la décision d’atterrir. C’est dommage car j’avais bien potassé la carte et savais où aller pour continuer mon cross en direction de Lons-le-Saunier. Mais je ne change pas d’avis car ma hauteur est faible. Pour finir j’assure un vachage dans un champ fauché au croisement de plusieurs départementales. Je garde cette stratégie de poser près d’une route pour optimiser le retour de cross de parapente en auto-stop.
Vachage dans la pampa jurassienne
L’euphorie de cette jolie seconde réussite de cross en parapente laisse place à la réalité du moment. Effectivement je suis vachée le long d’une route très isolée, encore plus paumé que la veille.
Alors que je plie méticuleusement mon parapente au bord du champ à la croisée des routes, aucun bruit de moteur ne retentit à part les tracteurs en train de faire les foins. Je n’ai pas encore tendu le pouce au bord de la route que je regrette presque d’être aller plus loin qu’hier. Mais je relativise car il est à peine 15h30. En réalité j’ai du temps devant moi pour assurer mon retour de cross en parapente en auto-stop. Puis c’est dimanche, normalement le gens se baladent dans ce beau département du Jura. Cinq minutes se sont écoulées et je stagne toujours au croisement de quatre routes. Comme aucun véhicule ne circule, je regarde ma position sur Google map. Soit dit en passant, heureusement que j’ai encore de la batterie dans mon téléphone. Toujours est-il que je constate avec effroi que plus de 10km me séparent du rond-point salvateur de Poligny. Comme j’en ai marre d’attendre, je commence à avancer en espérant ne pas marcher deux heures.
Le camping-car de mes rêves
Alors que je n’y crois plus et avance d’un bon pas, un bruit de moteur me stoppe dans mon élan. Un camping-car approche à allure modérée. Ni une ni deux je pose mon parapente au sol et tends le pouce. J’explose de joie quand la passagère me fait signe qu’ils s’arrêtent un peu plus loin. Je cours vers la portière qui s’entrouvre et demande aux campings-caristes vers quelle destination ils se dirigent.
C’est gagné, ils rentrent à Besançon et acceptent de me déposer aux Arsures près de mon point de départ. Alors je m’installe confortablement dans la banquette du camping-car et raconte mon aventure en parapente de ce jour. Je passe pour une aventurière à leurs yeux. C’est excellent de voir leurs yeux ébahis à l’écoute de mon récit de vol. Entre-temps je préviens Mika que mon retour de cross en auto-stop avance bien. Il n’en revient pas que je sois dans un camping-car, moi non plus d’ailleurs. Alors j’explique à mes conducteurs du jour, que je vis dans un fourgon aménagé une grande partie de l’année. Une passion du voyage en véhicule aménagé qui nous lance dans un échange d’expériences sur nos divers voyages. Voilà comment j’ai fait un deuxième retour de cross en parapente bien plus calme et cosy que la veille avec papy rallye. D’ailleurs au passage le long de la nationale nous avons récupéré un parapote également en galère pour rentrer. Je vous laisse imaginer son étonnement quand j’ai ouvert la porte du camping-car pour le faire monter.
Mika et son retour en auto-stop avec Antoine Girard
De son côté Mika n’est pas en reste. En un seul retour de cross de parapente en auto-stop, il a failli faire fort. A peine vaché dans un champ de blé fauché, un agriculteur propose de le ramener sur son tracteur au village le plus proche. Finalement il ne semblait pas fâché de voir un parapentiste atterrir dans son champ. Bien au contraire, piqué par la curiosité il l’a même questionné sur la façon dont il avait fini dans son champ. La discussion aurait pu continuer sur le tracteur. Mais comme Mika n’avait pas plié son aile, il a décliné l’invitation. Finalement il a bien fait car cinq minutes après avoir méticuleusement rangé son parapente, un voiture s’arrête rapidement. Et excusé du peu, mais il s’agit d’Antoine Girard derrière le volant. Quand Mika m’a raconté ça, j’étais bouche bée. Mais que fait ce parapentiste aventurier explorateur dans le Jura, vous demandez-vous tout comme moi en buvant les paroles de Mika. En réalité c’est un homonyme du parapentiste bien connu dans le monde du vol libre. Cet Antoine Girard originaire du Jura est musicien. Bref voilà les petites anecdotes du retour de cross en direction d’Arc-et-Senans de Mika.
Bilan de ces premières expériences de retour en stop
Je n’ai pas encore beaucoup d’expériences dans les retours de cross de parapente en auto-stop, que j’en tire déjà quelques leçons. La principale est que le retour en auto-stop n’est plus un frein pour Mika et moi pour partir en cross en parapente. Finalement cela fait partie intégrante de notre voyage dans le ciel. On commence seul sous notre aile puis on partage le retour en faisant des rencontres surprenantes, enrichissantes, drôles, surprenantes ou burlesques. C’est parfois un challenge de trouver une voiture pour rentrer tout comme cela a été un challenge de trouver le thermique qui nous aide à partir. En fait il faut aimer se défier jusqu’au bout mais le prendre à la rigolade.
Synthèse de points à respecter pour optimiser vos prochaines récupes
- Avant d’être trop bas et vacher n’importe où, choisissez un champ proche d’une route et si possible pas trop loin d’un village, le tout en identifiant les obstacles dangereux. Ainsi vous vous assurez de rencontrer plus d’êtres humains que de vaches et avoir de la 4G.
- D’ailleurs surveillez la charge de batterie de votre téléphone avant de partir voler, et emmener une batterie de recharge au cas où. Ainsi on repère facilement où on se situe et où il faut se diriger pour rentrer. Et si une âme charitable propose de venir vous chercher, vous pouvez lui envoyer votre position GPS.
- Avoir un t-shirt propre et avoir une apparence agréable est un minimum pour donner envie au véhicule de s’arrêter et vous prendre en stop.
- Pour aiguiser la curiosité, posséder un panneau ou affiche souple avec l’inscription « retour parapente ». Cela fonctionne très bien d’après les copains qui crossent depuis longtemps.
- Si vous avez atterri près d’un grand village traversé par une nationale, pensez à regarder le réseau de bus.
- De même si vous êtes proche d’une ville traversée par une voie de chemin de fer, renseignez-vous sur les horaires et arrêts de train.
- Garder le grand sourire que vous aviez à l’issue de votre cross en parapente. Au bord de la route un sourire vaut mieux qu’un visage triste.
J’espère que ces anecdotes d’auto-stop auront rassuré les plus inquiets d’entre vous. De votre côté, si vous avez des astuces pour faciliter les retours de cross de parapente en auto-stop, Mika et moi sommes preneurs. Nous n’en somme qu’à nos prémices de cross, alors de bons conseils nous seront utiles. Et n’hésitez pas également à nous raconter en commentaire vos anecdotes de retours en stop.