Mon premier stage SIV en parapente
Alors ce fameux stage SIV en parapente, effet de mode ou réel besoin ? Au fait SIV, c’est l’abréviation de Simulation d’Incident de Vol. Après deux ans de parapente, j’en réalise un à Annecy par opportunité plus que par nécessité. Je reviens dans cet article sur mon expérience enrichissante à bien des points de vue. Et surtout je vous aide à vous poser les bonnes questions avant de vous lancer dans un premier stage SIV en parapente.
Sommaire
- Inscription à mon stage SIV en parapente
- Réflexion après inscription à mon stage SIV en parapente
- Prise de conscience de l’utilité du stage SIV
- A quoi sert un stage SIV en parapente ?
- A qui s’adresse un stage SIV ?
- Une question à se poser avant de s’inscrire à un SIV en parapente
- Comment choisir une école pour un stage SIV en parapente
- Mon premier stage SIV avec les filles de la ligue de Bourgogne Franche Comté
- Le déroulement du stage SIV
- Dernières analyses et mises en garde de nos moniteurs
- Bilan à froid un mois après premier stage SIV en parapente
- Pour conclure
Inscription à mon stage SIV en parapente
Fin Octobre 2021, nous découvrons les joies de la rando vol avec notre nouveau parapente léger lors du Hike and Fly à Dormillouse. C’est à peu près à cette période que je reçois un mail d’Anne-Laure, responsable de la ligue féminine de Bourgogne-Franche-Comté. Plusieurs stages sont proposés. Remise en sellette au Poupet, cross et SIV à Annecy à des prix défiants toute concurrence puisque subventionnés par la ligue et FFVL. Bref je m’inscris instantanément pour le stage SIV en parapente. Faut dire qu’à 70€ le week-end au lieu de presque 230€ la journée, il ne faut pas hésiter. Une belle incitation de la ligue pour nous aider à progresser. Ce stage a lieu en Octobre 2022 avec l’école K2.
Réflexion après inscription à mon stage SIV en parapente
Ce n’est pas mon habitude d’agir et réfléchir après. Alors après coup je me renseigne plus en détail sur ce qui m’attend. Mika me montre de nombreuses vidéos dont les vracs de la semaine de David Eyraud chez les Passagers du vent. En complément nous trouvons également des images sur les réseaux sociaux. A vrai dire j’avoue avoir mal dormi la première nuit après avoir vu une séquence d’auto-rotation. D’un coup un énorme doute s’installe en moi. Je ne suis pas casse-cou pour un sou, alors me mettre en vrac m’effraye franchement. Donc je continue mon investigation en questionnant les copains ayant déjà vécu un stage SIV. Les avis diffèrent mais globalement c’est plutôt du positif qui ressort. Sauf qu’avec ma pratique actuelle, je ne me projette toujours pas dans cette terrifiante auto-rotation.
Prise de conscience de l’utilité du stage SIV
Ce Printemps 2022 notre progression en thermique au Poupet se passe à merveille. L’euphorie des hauteurs nous gagne. Nous enchainons les vols thermiques jusqu’à cette erreur stratégique. Nous décidons de voler en Haute-Savoie à Mieussy à 14h mi-Juillet en pleine sécheresse. Après 10 minutes de vol Mika et moi comprenons que nous n’avons rien à faire sous notre parapente. Alors nous décidons de poser tant bien que mal. Je ne vous parle pas du grand huit au-dessus de l’atterrissage. Pour le coup, j’ai bien cru que je ne poserai jamais sur mes pieds. Après avoir tenté les oreilles accélérées sans succès immédiat, c’est une dégueulante sous le vent du terrain qui met fin à mon calvaire. Le débrief à froid avec Mika nous amène à conclure sur l’importance de maitriser une méthode de descente rapide. Mon premier stage SIV en parapente m’en donnera l’occasion.
A quoi sert un stage SIV en parapente ?
L’ objectif d’un stage SIV ?
- Gagner de la confiance en soi et en son aile pour aller encore plus loin ou plus haut.
- En parallèle certains viennent repousser leurs limites. Effectivement c’est l’occasion de se faire plaisir avec des manoeuvres que l’on n’oserait pas faire seul : la spirale ou 360 engagé sortie chandelle, le décrochage et les Wings over.
- Certaines manoeuvres simulent des incidents survenant en conditions réelles de vol comme les fermetures. Alors travailler en SIV les gestes et bons réflexes crée des automatismes salvateurs. Positionnement du corps, du regard, des bras, des mains, tout a une importance et doit être synchronisé. Alors cela ne s’improvise pas, cela s’apprend, puis se travaille encore et encore. Puis pour les plus barrés d’entre nous adeptes d’acrobatie en parapente, c’est en stage SIV qu’ils apprennent à se mettre la tête à l’envers.
SIV = sécurité ?
- A ceux qui affirment « un stage SIV sert à ma sécurité », je réponds OUI et NON.
- Je m’explique. D’abord notre sécurité individuelle en parapente commence par le choix d’un matériel adapté à son niveau. Avant tout, volez avec un parapente sous lequel vous vous sentez bien et qui vous procure du plaisir. Puis allez vers une pratique du vol libre qui vous correspond. Ne cédez pas à la pression sociale, ne faites pas forcément comme les copains.
- Ensuite garantissez votre sécurité en volant à des moments appropriés et dans des conditions adaptées à votre niveau. Attachez un maximum d’importance à l’analyse météo et aérologique de votre journée de vol. En conclusion, nos choix et analyses conditionnent notre sécurité. Ensuite le stage SIV complète ces bons comportements.
Un stage SIV pour apprendre à sortir d’une auto-rotation !
Avant de parcourir des kilomètres sous un parapente, attachez de l’importance à évoluer progressivement dans les masses d’air instables. Faire un SIV en air calme ne garantit pas la capacité à reproduire les gestuelles des conditions réelles turbulentes. Une auto-rotation provoquée au-dessus du lac d’Annecy comparée au même incident en plein après-midi près d’une falaise : même condition, pensez-vous ? Je me répète, mais votre sécurité vous la garantissez par vos choix d’horaires de vol, de site, et votre placement dans la masse d’air. Alors je crains qu’un SIV ne soit pas suffisant pour vous sortir d’une telle situation. Par contre s’habituer progressivement aux masses d’air très instables affine le pilotage. Ainsi vous risquez beaucoup moins d’erreurs de placement et donc moins de risque d’incidents.
A qui s’adresse un stage SIV ?
Globalement un SIV en parapente s’adresse à tous parapentistes. Du débutant jusqu’au compétiteur, chacun positionne le curseur comme il l’entend. Un piou-piou perfectionne le pilotage de son tangage et affine ainsi sa gestuelle. Il découvre les sensations d’une fermeture, comment la contrer et continuer à piloter. Alors qu’un pilote aguerri cherchera des sensations en apprenant par exemple à faire des Wings over. D’autres ont vécu de réels incidents de vol et cherchent à reprendre confiance. Certains cumulent les SIV pour apprendre à exécuter des figures d’acrobatie en parapente. Bref dans un même stage, les demandes et niveaux de chacun diffèrent. Le moniteur adapte les exercices individuellement en fonction du besoin et de ce que réussissent les stagiaires. Au final une émulation se crée dans un groupe dont l’objectif commun est de progresser en sécurité.
Une question à se poser avant de s’inscrire à un SIV en parapente
En ai-je besoin dans ma pratique du vol libre ?
Compte tenu du coût d’un stage SIV, pesez bien le pour et le contre. Ou plutôt demandez-vous ce que cela apporte à votre pratique actuelle et future du parapente.
Si vous aspirez à crosser en montagne, c’est évidemment un passage obligatoire. Le cross nécessite de voler en changeant de site au fur et à mesure des kilomètres. Alors vous découvrez des conditions nouvelles pas forcément toujours accueillantes. Ainsi vous vous exposez à un risque accru d’incidents. Là je dis oui le stage SIV s’impose pour vous donner les bonnes techniques pour vous en sortir. Au même titre que ceux qui veulent faire de l’acrobatie en parapente.
Par contre si vous pratiquez principalement le marche et vol en air calme, cela n’a presque aucun intérêt. Mika et moi partageons parfois du Hike and Fly avec des parapentistes nous rapportant n’avoir jamais vécu d’incidents de vol. Ils prennent plaisir en air calme et n’ont jamais ressenti le besoin d’en faire un. Donc pour les adeptes de rando-vol du matin ou du soir, l’utilité d’un stage SIV est discutable.
Comment choisir une école pour un stage SIV en parapente
Pensez à réserver un an à l’avance
Maintenant que vous êtes certains de l’intérêt de faire un stage SIV, place au choix de l’école. Et alors là, bonne chance. Déjà il faudra vous y prendre un an à l’avance pour réserver des dates au Printemps. Généralement les écoles ouvrent les réservations en Septembre pour l’année suivante. Si vous avez du mal à anticiper, vous pouvez compter sur les désistements à condition d’être facilement disponible. Dans mon cas c’est chez K2 que j’ai fait mon premier stage SIV en parapente. Mais j’avoue avoir mené ma petite enquête, parmi tous les avis des parapentistes croisés c’est l’école où ils ont fait le leur qui est à la meilleure.
La pédagogie adaptée à votre caractère
Les écoles se différencient par leur méthode. En fait certaines sont progressives, quand d’autres sont plus radicales. K2 adopte une méthode progressive. Il vérifie les bases du tangage. Puis vous amène progressivement de la gestion d’une fermeture jusqu’à l’auto-rotation. Et si tout va bien avec eux vous terminez par le 360 à l’issue de votre SIV. Il propose juste ce qu’il faut de théorie sans que cela soit soporifique. A l’opposé, certaines écoles distillent beaucoup d’informations théoriques d’entrée de jeu. Puis il vous teste au premier vol sur un 360 engagé qui sera une base de travail pour la suite. Pour ma part ça ne l’aurait pas fait, vous comprendrez plus loin dans le récit de mon stage.
La meilleure période pour faire son SIV
Pour ma part je valide l’Automne. La masse d’air calme permet de faire des exercices toute la journée sans risquer de se prendre des +6 au décollage de Montmin. Puis sorti de SIV vous pouvez enchainer les vols et ainsi répétez les exercices vus en stage. Vos formateurs vous diront lesquels vous êtes apte à travailler seul. Petit à petit les gestes deviennent instinctifs, comme des réflexes. Et pour ceux qui volent en hiver, allez au Grand-Bornand et enchainez les sessions de vol ou vous pouvez aller à Roquebrune, des structures y propose des SIV. Avec 1000m de gaz pour travailler le 360 sortie chandelle, c’est juste parfait.
Mon premier stage SIV avec les filles de la ligue de Bourgogne Franche Comté
Maintenant il est temps que je vous raconte l’expérience de mon premier stage SIV en parapente. Ce stage se déroule mi-Octobre le temps d’un week-end, donc seulement 2 jours. Les prévisions météo sont bonnes, mais le vent de Sud annoncé n’est pas idéal pour voler depuis la Forclaz. Néanmoins avec l’accord de toutes les filles ultra motivées, K2 décide de maintenir le stage.
Rendez-vous à l’école K2 à Plan-Montmin
Vendredi 17h30, nous faisons connaissance avec Maxence et Christophe, nos moniteurs. Maxence nous briefera au décollage. Quant à Christophe il sera dans le bateau et nous guidera dans les exercices. Mais pour l’instant nous vérifions le matériel de vol. Réglage de la sellette sur le portique pour m’assurer une position assez relevée. Ainsi proche des élévateurs je contrerai et piloterai mieux une sortie d’incident. Même le secours y passe. Il nous fait un rappel sur l’importance de toucher sa poignée de secours à chaque vol. Puis il nous rappelle la méthode pour lancer le secours, ainsi que la façon d’affaler le parapente pour éviter l’effet miroir : le tirer par les arrières. Pour finir en beauté, il nous précise de bien tomber sur les pieds plutôt que sur les fesses. Effectivement il vaut mieux se faire une cheville que se péter le dos même dans un lac. D’ailleurs il accroche un flotteur à la poignée de secours. C’est rigolo, c’est déjà ça que l’on récupérera peut-être en cas de plouf dans le lac d’Annecy. Bref le ton est donné.
Présentations des filles
8 filles dans un même stage parapente, ce n’est pas du hasard ! Il s’agit d’un SIV organisé et subventionné par la ligue féminine de Bourgogne Franche-Comté. Pour certaines, nous avons déjà partagé des vols à Besançon ou au Poupet. Avec Orianne, nous avons débuté ensemble en stage initiation à Besançon. Puis Alicia et Aude y vole également depuis moins de 2 ans. Quant à Marie-Louise et Flavie, dites « Les Parapiplettes » volent à Métabief, Laure au Poupet et Emilie à Morteau. Pour cette dernière, c’est un second SIV. Pour toutes les autres, une première. Pas de compétitrices parmi nous, des volantes qui aspirent à progresser en sécurité.
Nos attentes vis-à-vis de ce SIV
Nos expériences diverses nous amènent toutefois à avoir des attentes communes. Le besoin de maitriser une technique de descente rapide revient plusieurs fois dans le tour de table. Certaines le justifient par un besoin de sécurité pour se sortir d’une situation défavorable. D’autres recherchent des sensations. Peut-être une future acrobate parmi nous : Orianne. De son côté Aude annonce la couleur, elle va envoyer quitte à finir dans le lac. De mon côté je ne fanfaronne pas vraiment à l’aube de ce SIV. J’ai pour objectif la maitrise du 360 sortie chandelle depuis quelques vols turbulents. Inconsciemment j’ai perdu confiance lors d’un vol à Mieussy alors que les oreilles accélérées ne suffisaient pas à me ramener au sol.
La feuille de route de K2
De leur côté Christophe et Maxence nous explique leur pédagogie. Ils prônent une approche progressive en vérifiant que les stagiaires maitrisent la base. Programme de ce stage SIV : nous ferons 3 vols par jour, pas un de plus car chaque vol puise de l’énergie physique et mentale. Puis il faut garder du temps pour le débriefing. Ainsi, Samedi le premier vol confirmera la technique de tangage. Puis si tout est ok, fermeture et auto-rotation sur les suivants. Enfin, Dimanche nous ferons à nouveau auto-rotation et enfin le 360 engagé. Christophe décompose en détail depuis le portique les gestuelles de chaque exercice tout en nous montrant des vidéos. A la présentation des fermetures, à nouveau la peur de me mettre en auto-rotation m’assaille. Au fond de moi je me sens terrorisée alors que les copines semblent euphoriques. Va falloir que je prenne sur moi.
Mais qu’est-ce que je fais là !
Alors que je me retrouve seul avec Mika, je lui fais part de mes doutes et mes peurs. Nous sommes tellement inséparables que faire mon premier stage SIV sans lui me déstabilise. Bon autant vous dire que dans la nuit de vendredi à samedi, je n’ai pas dormi sur mes 2 oreilles. Normal j’ai passé la nuit en auto-rotation !
Le déroulement du stage SIV
Samedi 9h30 : L’attente au décollage de la Forclaz
Après le briefing, Maxence nous conduit au décollage. En route nous passons à l’atterrissage réservé aux parapentistes en SIV près de la plage de Doussard. Puis nous arrivons de bons pas au décollage alors qu’une autre école est déjà en place. Sauf qu’à cette heure matinale et avec le vent de sud, c’est franchement cul. Et comme le ciel est bâché, on peut toujours attendre que la brise fasse son effet. Ajouté à cela il a plu toute la journée la veille et la moquette est détrempée.
11h30 : Premier vol, tangage
Maxence nous prépare sur l’aire d’envol pour gagner du temps. Puis nous rappelle l’exercice que l’on va faire et nous demande de le mimer. A dire vrai, c’est une bonne technique pour mémoriser la synchronisation des gestes. Une fois en vol, Christophe nous reprend en radio alors que notre cap vers le box d’exercice est engagé. Chacune à notre tour nous y allons gaiement entre ressources et abattées, pour finir avec une temporisation plus ou moins bien placée. Globalement ça se passe plutôt bien même si dans mon cas je temporise à peine tard. Je ne ferai pas plusieurs essais car le sud me contre et je rejoins tout juste l’atterrissage. Il s’en est fallu de peu pour que je mette les pieds à l’eau. Résultat : premier vol frustrant du fait du seul exercice moyennement exécuté.
14h : Second vol, fermetures
Au second vol, un décalage se crée entre nous. Certaines passent déjà aux fermetures. Pendant que d’autres améliorent leur tangage avant de passer aux fermetures. Finalement c’est facile de fermer une partie de son parapente avec une ou deux suspentes. Mais avec trois, c’est une autre histoire. Il faut y mettre du punch. Et quand ça part, 60% de l’aile ferme. À partir de là il faut contrer le départ en rotation. Pour une fermeture à droite, Christophe nous demande de garder notre commande gauche en dragonne et main poulie. Quand ça commence à partir à droite, le contre se fait à gauche à la sellette en s’aidant de la main gauche tenant le groupe d’élévateurs. Puis il faut doser ce contre pour maintenir le cap souhaité. Mais je contrai tellement efficacement que du coup je tournais dans l’autre sens. Alors j’ai dû m’y reprendre à plusieurs tentatives avant de parvenir à garder mon cap. De leur côté les copines ont géré sans soucis le contre de leurs fermetures.
16h : Troisième vol, fermetures et auto-rotation
In extrémis nous parvenons à faire ce troisième vol avec le passage à l’auto-rotation. Certaines frétillent d’impatience, pour ma part j’intériorise mes inquiétudes. Mais je suis tout de même confiante grâce à ce second vol où j’ai contré correctement ma dernière fermeture. Ainsi, Christophe me répète en radio les consignes pour l’auto-rotation. Ce n’est pas le moment de faire ma trouillarde. Si cela m’arrive lors d’un vol hors SIV, je serai bien contente de savoir ce que ça fait. Et surtout je saurai comment en sortir. Alors feu, c’est parti j’attrape les 3 suspentes de ma demi-aile droite et me jette du même côté. Mais ça tourne à peine, la Vivo ne veut pas partir en auto-rotation. Et comme j’ai déjà perdu pas mal de hauteur Christophe me demande de tout relâcher et rejoindre l’atterrissage. Résultat des courses : moi qui était terrorisée à l’idée de partir en auto-rotation, me voilà frustrée de ne pas y être parvenue.
18h00 : analyse des vidéos de vol
La journée se termine à l‘école par le visionnage et analyse de vidéos de vol de chacune. Puis il est temps d’aller se reposer pour notre deuxième jour de SIV.
Dimanche 9h30 : Briefing du deuxième jour
Rendez-vous à peine plus tardif que la veille, car les prévisions de vent et de météo ne sont pas terribles. Et effectivement le vent de sud soutenu remue bien les arbres au col de la Forclaz. Malgré tout Maxence nous rappelle l’objectif du jour : confirmer l’auto-rotation. Puis si tout est ok, nous passerons aux 360 d’abord tranquilles puis engagés avec sortie chandelle.
10h30 : Premier vol, auto-rotation
A la première accalmie, Maxence nous donne le feu vert pour la prévol. Alors je ne traine pas. En réalité je suis motivée comme jamais pour me mettre en auto-rotation et connaitre enfin cette sensation. Tellement taquet que je décolle la première. J’ai parfaitement mentalisé comment créer ma fermeture et lancer l’auto-rotation. Alors dès que Christophe m’autorise à lancer l’exercice, je ne réfléchis pas, j’agis. Et contrairement à la veille je me jette lourdement du côté fermé. Comme la veille malgré toute ma volonté corporelle et mentale, rien n’y fait. Alors sur les consignes de Christophe je tire à plusieurs reprises sur la grappe de suspentes que j’ai en main, et ça part enfin. La sensation de rotation en arrière est étrange. Cela commence comme par un temps d’arrêt puis ça s’accélère. Alors je contre efficacement, ça je sais faire. Ainsi je sors avec quelques secousses de cet incident provoqué et reprends mon cap. Je souffle un grand coup une fois posé à la plage de Doussard. Quelle satisfaction : j’ai désacralisé cette auto-rotation. De son côté Orianne enchaine sans soucis ses exercices et commence déjà le 360. Puis le vent capricieux empêche le reste du groupe de décoller. Nous attendrons presque 2h que toutes les filles fassent leurs exercices.
15h45 : Second vol, 360 engagé sortie chandelle
Trop facile avec le vent dans l’axe
Compte tenu de l’heure déjà bien avancée, Maxence nous informe que ce second vol sera le dernier. Alors pas de temps à perdre d’autant que le vent est dans l’axe pour la première fois du week-end. Alicia profite de ce vol pour pérenniser un 360 puis son tangage. Marie-Louise assure ses 360 sortie chandelle, de même que Laure. De son côté Orianne nous donne un cours magistral. Pendant ce temps-là, Emilie valide la partie SIV de son BPC en passant en autonomie le 360 engagé des 2 côtés. A son tour Flavie assure également avec brio cette technique de descente rapide. Puis Aude qui nous a promis d’envoyer quitte à passer à l’eau, gère de main de maitre sa sortie chandelle. Quelle équipe au top.
Le vrac de la semaine
Puis vient mon tour. Dans le starting-block Maxence m’énonce la procédure à suivre. Pendant le temps de transition jusque dans le box d’exercice, je mentalisme ce que je dois faire. Mais j’ai l’impression que tout se mélange, cela me perturbe. Pourtant je ne panique pas puisque Christophe va me guider en radio. Je réalise mon premier 360 tranquille avec un léger contre sellette pour en sortir. C’est ok même si en fait j’ai contré un peu fort. Bref sans transition il m’énonce les actions à enchainer pour la sortie chandelle du 360 engagé. Je crois qu’à ce moment-là j’ai écouté sans entendre. Effectivement le résultat aurait pu me valoir une baignade dans le lac d’Annecy ainsi que le vrac de la semaine avec David Eyraud.
Que m’est-il arrivée ? Une frontale de l’espace parce que j’ai temporisé à peine trop tard et surtout pas assez fort. Comment j’en suis arrivée là ? Je sors de ce 360 complètement de travers car je ne pilote pas ma ressource. Pas assez concentrée peut-être fatiguée, bref je n’actionne pas les commandes comme il se doit.Au final la sentence est irrévocable ! Mais je pose malgré tout vers les copines avec la banane. Wow quelle sensation de dingue ce 360 engagé.
Dernières analyses et mises en garde de nos moniteurs
L’analyse video à l’école me fait prendre conscience de ce qu’il m’est arrivé. Ambiance pour ce dernier débriefing. Dire que Aude fanfaronnait qu’elle enverrait tout ce qu’il faut pour aller à l’eau. Au final c’est moi la discrète qui ait failli tester l’utilité du gilet de sauvetage. Par chance je vole avec un parapente classé En B « facile ». Alors comme j’ai eu le réflexe de mettre mains poulies, le bord d’attaque s’est ouvert presque instantanément.
Christophe et Maxence nous ont individuellement indiqué quels exercices nous pouvions retravailler seules. Enfin, ils nous ont précisé que la descente rapide la plus sûre n’était pas forcément les 360 mais plutôt les grandes oreilles accélérées. Et évidemment en cas d’incident ingérable, ne surtout pas hésiter à tirer le secours.
En conclusion, nous sommes toutes reparties satisfaites de ce week-end et l’envie de renouveler l’expérience.
Bilan à froid un mois après premier stage SIV en parapente
Confiance en mon parapente
Avec le recul et pour avoir volé en thermique dans les Alpes du sud depuis ce SIV, je peux affirmer que j’ai gagné en confiance sous mon aile. Malgré tout je ne dois pas me contenter qu’elle s’auto-démerde en cas d’incidents. Mais si elle m’a prouvé avoir un temps de réaction autant voire plus rapide que moi. En aparté, j’ai trouvé sécurisant le fait que la mise en auto-rotation ne se fasse pas facilement avec ma ViVO. Un gros bémol tout de même : l’incident est provoqué en air calme. Quand sera-t-il en plein été devant une falaise alpine chauffée à bloc ?
Confiance en moi
J’ai également gagné en confiance en moi grâce à ce stage SIV en parapente. Effectivement je sais désormais quoi faire en cas de fermeture qui dégénère en auto-rotation. En 2 jours, j’ai rempli ma boîte à outils du parapentiste. Reste à entretenir ces outils pour qu’ils soient opérationnels au moment opportun. Un incident de vol dans la vraie vie intervient sans que l’on sache quand ni de quel côté. Il faudra donc continuer à travailler ces exercices pour en faire des réflexes.
De belles sensations à vivre
Finalement je retiens surtout ces sensations de dingues. Et oui, pourquoi ne pas faire un stage SIV juste pour le fun de subir de belles accélérations. Moi qui prends beaucoup de plaisir en Hike and Fly, j’ai repoussé mes limites le temps d’un week-end. C’est sécurisant de le faire au-dessus du lac avec un gilet de sauvetage et un moniteur à la radio sur un bateau. Malgré ma terreur de l’auto-rotation, la pédagogie progressive de K2 m’a amené en douceur à cette manoeuvre. Et que dire de cette opportunité de tirer fort sur la commande pour envoyer le 360 et sentir l’accélération. Bref un bon kif même si je n’ai pas tout maitrisé. Mais attention 2 jours de SIV, c’est trop peu. Pour ma part je reste sur un goût d’inachevé. Alors je vous conseille vivement 3 jours pour un premier SIV en parapente.
Le partage entre filles de Franche-Comté
Qu’est-ce que c’est chouette d’avoir partagé ce SIV entre filles. Effectivement nous étions un groupe de volantes réunies autour du plaisir de vol. En somme une équipe féminine bien loin des prétentions de compétiteurs ou crosseurs aguerris. Alors autant dire que les exercices se sont enchainés sans pression et dans la bonne humeur. Peu importe le niveau de chacune, nous avons progressé en fonction de nos aspirations et le tout dans une belle émulation.
Alors un grand merci à la Ligue de Bourgogne Franche-Comté de vol libre. Sans son aide financière, j’avoue que j’aurai encore attendu avant de faire mon premier stage SIV en parapente. Et pourtant je me rends compte à son terme des bienfaits pédagogiques et sécuritaires.
Pour conclure
Je suis totalement satisfaite de cette expérience et vous conseille vivement de faire un stage SIV en parapente. Même si comme je l’ai expliqué en début d’article, ce SIV à lui seul ne garantit pas la sécurité du parapentiste. Faites toujours les bons choix en accord avec votre niveau. Que ce soit pour le moment de vol, site, et le matériel ne vous laissez pas influencer par les autres. Seul votre plaisir de vol doit guider nos choix.
N’hésitez pas à partager cet article et me racontez commentaires quelques anecdotes de votre premier stage SIV en parapente.
Voler par plaisir et prudemment
Merci pour ce partage???
Merci d’avoir apprécié la lecture d’un sujet récurrent dans le monde du parapente. Il y a aucun parti pris, c’est un sujet qui peut diviser?
Avec plaisir Lionel!
C’est important de partager ce genre d’expérience. Cela n’a pas été simple pour moi, mais cela a tout de même renforcer ma confiance en moi et mon parapente.
Et cela permet de réfléchir sur sa pratique du vol libre actuel et à venir!
superbe doc sur ton REX en SIV, SEV!!! le plus formidable c’est que je m’y retrouve comme si j’avais vécu les memes sensations, émotions et réactions.
Ce témoignage est vraiment représentatif du Stagiaire SIV moyen avec ses motivations et tout ce qu’il va en retirer pour ses futurs vols, pour ma part en SIV cela a été l’occasion de faire un maximum de poignée témoin avant de rentrer dans le « box » (l’arène du parapentiste en SIV).
Au plaisir de se retrouver sur un deco, et encore merci pour ton travail de photo reporter on a grand plaisir a te lire.
Patrice
Merci Patrice!!!
Ton commentaire témoignage me rappelle que pour moi aussi ce SIV fut l’occasion de faire de nombreuses poignée témoin…Bonne habitude que j’ai malheureusement vite perdu mais que je vais essayé de remettre dans une routine de vol.
C’est chouette de voir que tu nous lis et suis nos aventures. Heureux de te compter parmi nos belles rencontres de cette année. Une rencontre qui j’en suis certaine se poursuivra en 2023 par du hike and fly et de bien belles ballades dans les airs des Baronnies ??
Sev