7 conseils pour débuter le Hike and Fly

Vous randonnez mais en avez marre de faire souffrir vos genoux dans les descentes. Alors avez-vous déjà songé au Hike and Fly. Imaginez gravir le sommet de votre montagne préférée pour redescendre tout en douceur en volant. Ces dernières années l’allégement du matériel de vol en parapente permet de se lancer aisément dans cette activité. L’envie de vol rando trotte dans votre tête, mais vous avez des doutes ? Bonne nouvelle, nous vous livrons ici 7 conseils pour débuter le Hike and Fly sereinement même pour un débutant.

1.Apprendre à voler en parapente

Commençons par la base, d’abord il faut apprendre à voler en parapente. Mais méfiance car il existe 2 types d’ailes : les mono surfaces et les traditionnelles. 

Un seul pan de tissu constitue une voile mono surface. Alors qu’un vrai parapente se gonfle d’air entre l’intrados et l’extrados, les 2 pans de tissus le constituant. Cette différence n’amène pas aux même pratiques du vol libre.

Les parapentes mono surfaces sont dédiés uniquement au vol rando en montagne. En somme, vous ne faites que descendre du sommet au plus court et rapide. Il existe quelques écoles qui vous donneront l’argument que tout est plus facile pour un apprentissage rapide, notamment le gonflage de l’aile pour décoller. 

Parapente dit mono surface
Parapente mono surface UFO2 de chez Air Design
Parapente dit double surface
Parapente double surface Susi3 de chez Air Design

Mais sachez qu’avec ces ailes ultra-légères vous passerez à côté des soaring au coucher de soleil. Vous ne pourrez évidemment pas partir en cross. Vous volerez plutôt le matin pour éviter les masses d’air thermiques et turbulentes. Ajouté à cela avec une formation sous une aile mono surface, vous ne saurez pas vous adapter au pilotage d’un vrai parapente. Alors que l’inverse est possible. 

Un parapente classique vous ouvre le champ des possibles. A priori l’apprentissage est plus long, mais gardez en tête l’expression doucement mais surement. De notre côté à l’issue de notre stage initiation, nous avions déjà réalisé 6 grands vols. En fait l’évolution des parapentes classiques facilite l’accès au rêve d’Icare. Certes la magie opère, mais nous avons conscience que nous sommes peu de chose suspendus aux suspentes du parapente

2.Investir dans son propre matériel pour continuer à se former

Difficile de s’y retrouver parfois dans toutes les modèles. Mais la règle de base est de s’orienter vers une voile classée EN-A. Cette homologation garantit que l’aile tolère les erreurs de pilotage du débutant. Donc notre  prudence nous conduit à investir dans du matériel débutant plutôt lourd mais sécurisant. Le choix s’est porté sur l’aile sous laquelle nous avons appris. Alors certes cela va à l’encontre de notre objectif de Hike and Fly. Mais le parapente requiert patience et abnégation, plutôt que précipitation et urgence. Donc nous possédons une sellette Axess 4 et une aile Alpha 6 de chez Advance ainsi qu’un secours MCC pour nous élancer prudemment dans les airs. Il s’agit donc d’un pack classique débutant pesant environ 12kg.

Ainsi équiper, nous avons investi dans 2 stages supplémentaires. Après un stage progression, nous validons le brevet initial. Puis dans la foulée le stage perfectionnement nous ouvre les portes du premier vol autonome. A vrai dire pour certains l’initiation suffit pour accéder à l’autonomie. Tout dépend de chacun, pour nous 3 semaines ont été nécessaires pour lever certains verrous psychologiques. Nous avions besoin de prendre de notre temps et ressentir de la sérénité avant de voler. De plus les stages enrichissent et permettent d’acquérir les bonnes gestuelles de pilotage. Il est donc important de ne pas s’en priver même si le coût peut être un frein. D’ailleurs si c’est le budget qui vous bloque, intéressez-vous au stage d’application de l’ENSA. C’est une expérience qu’on valide car la psychologie joue un rôle central au travers de nombreux débriefings. Ce stage nous a beaucoup apporté pour mettre des mots sur des sensations et inversement. Et le tout pour environ 300€ au lieu des 600€ dans la plupart des écoles FFVL.

Donc en résumé même si vous rêvez de hike and fly, apprenez à voler progressivement sous un vrai parapente. Et qui sait vous apprécierez aussi les vols thermiques et de fin journée avec les copains.

3.Cumulez des heures de vol en local

A vrai dire avec ce parapente robuste mais lourd, nous apprécions les navettes avec les parapotes sur notre site de Besançon. La bienveillance des volants expérimentés aide à prendre confiance. Les sensations sous l’aile se mettent en place, la dépendance au vol également. Et oui il faut reconnaitre que l’on devient vite accro au vol en parapente. Au point parfois d’enchainer des journées entières à co-voiturer jusqu’au décollage. C’est un réel avantage pour cumuler de l’expérience de vol. Sans oublier qu’il ne faut pas négliger les séances de gonflage à l’attéro ou en pente-école. 

Ainsi pendant presque 1 an nous avons volé essentiellement en local accompagné de parapentistes de notre club. C’est une démarche enrichissante, pleine de partage d’expérience qui permet une progression efficace et sereine.

En conclusion, répétez autant que possible les vols sur les sites que vous connaissez bien. Les repères géographiques acquis, vous n’aurez plus qu’à vous concentrer sur vos sensations sous l’aile. Alors vous pouvez par exemple améliorer votre précision d’atterrissage. C’est un gage de sécurité pour les pratiquants de vol rando. Ainsi en approche d’un atterro sans manche à air, vous pourrez faire confiance au ressenti de votre vitesse dans l’air. Vous saurez comment agir sur les commandes pour vous vacher en douceur dans le terrain.

4.Explorez progressivement de nouveaux sites de vol

Notre quête de liberté en van nous emmène souvent sur des sites de vols inaccessibles en véhicule. Alors pas d’autres choix que d’emprunter les sentiers de randonnée. En réalité nous aimons marcher. D’ailleurs notre volonté de progresser dans le parapente nous conduit à choisir des sites de vol avec au moins 600m dénivelée. Avec la hauteur, pratiquer des exercices tels que tangage ou roulis devient possible. C’est essentiel pour améliorer son pilotage lors de conditions thermiques ou toniques. Ainsi on développe des réflexes kinesthésiques, des automatismes faisant agir sur les commandes instinctivement.

Lors de notre van and Fly de l’été 2021, nous avons enchainé les vols depuis le Chalvet au-dessus de Saint-André-les-Alpes. Ce site sans obstacle entre le décollage et l’atterrissage nous a permis de prendre excessivement d’assurance sous notre Alpha 6. Mais avant de voler, il fallait gravir la montagne jusqu’au décollage. Ainsi de Mai à fin Septembre 2021, nous avons adopté le Hike and Fly sur divers sites FFVL identifiés. 

La marche, première étape du hike and fly
Marche vers un décollage au dessus de Samoëns
Sev sur le point d'atterrir au col Saint Jean
Atterrissage au col Saint Jean au dessus du lac de Serre Ponçon

En définitive je vous recommande de multiplier les expériences de vol sur des sites variés. Ainsi vous vous confrontez à des topographies de décollages différentes où il faut adapter sa technique. En plus, les plans de vol vous réservent parfois des obstacles à négocier grâce au pilotage avec accélérateur. Et pour finir, vous vous exposez à une diversité de situations d’atterrissage très formatrice. 

A vrai dire ces expériences amènent à la capacité de voler sur des sites non officiels. N’est-ce pas le but du vol rando ? Etre capable de décoller sur n’importe quel terrain un minimum accueillant pour le matériel. Puis choisir le bon moment de vol pour profiter sereinement du paysage. Pour finalement avoir la capacité de se vacher sur un terrain identifié. Et évidemment pour tout ça, vous n’aurez plus de manche à air.

5.Equipez-vous avec du matériel léger dédié au Hike and Fly

Comme je vous le disais, durant l’été nous avons enchaîné les vols rando avec notre pack de 12kg. Alors certes l’effort de montée décuple le plaisir du vol. Mais cela nous a surtout donné envie de nous équiper léger pour ajouter du plaisir à l’ascension.

Donc pour débuter le hike and fly dans de bonnes conditions, investissez dans un équipement léger. Comme toujours, soyez progressif. Vous avez forcément entendu cette règle, en parapente on change un seul élément à la fois.  Donc dans un premier temps, je vous conseille d’opter pour une sellette légère. Cet élément moins couteux divisera le poids de l’ensemble par deux. Ainsi vous découvrez votre nouveau cockpit tout en étant sous l’aile que vous connaissez bien.

Pour notre part, nous avons décidé de trouver une sellette légère réversible. la difficulté fut d’en trouver une acceptant nos Alpha 6 de 24 et 26 m2.  Finalement Nous avons choisi la sellette réversible Shorty de chez Neo qui pèse 1,5kg. Donc on gagne environ 5kg sur notre pack lourd. Non seulement c’est made in France, bien accessoirisé et en plus le look est magnifique.  Voilà comment gagner beaucoup de poids juste en choisissant une sellette adaptée. Finalement vous gardez la sécurité passive de votre aile si vous débutez comme nous

Et devinez quoi ? Ainsi équipez nous avons réalisé notre 1er Hike and Fly, la Bourgeoise à Samoëns. 1100m de dénivelé gravit sans difficulté avec notre pack semi-léger de 7kg. Puis suivi d’un vol de rêve face au Mont-Blanc. Notre objectif de vol rando dans les Alpes atteint 1an après nos débuts dans le parapente. En réalité, les manches à air du déco et de l’atterro ont facilité cette première expérience de vol rando en Haute-Savoie. 

Ce Hike and Fly fut une telle révélation qu’il nous fallait un équipement complet montagne. Donc après la sellette légère, nous avons craqué pour une aile légère. D’une Alpha 6 de 4,5 kg nous sommes passés sous une AirDesign Susi3 de 2,5kg. Notre pack pèse désormais 5kg, et se fait complètement oublier même après 1800m de dénivelé.

Si vraiment vous pensez pratiquer assidument le vol rando, un équipement intégral léger s’impose. 

  • Gain de confort indéniable à la montée. Moins de fatigue lors de l’ascension pour plus de concentration pour la préparation du vol.
  • Puis surtout une aile montagne se gonfle facilement. C’est un gage de sécurité par vent faible en altitude car je vous rappelle que l’air y est moins dense. Donc plus on est haut en altitude, plus il faut de vitesse à un parapente pour gonfler et vous faire décoller. 
Comparaison entre un pack lourd et léger de parapente
Différence de taille entre un pack de vol sur site et un pack pour le Hike and Fly

6.Rapprochez vous des parapentistes locaux

Maintenant que vous avez gouté à l’aventure Hike and Fly sur site FFVL, place au vrai décollage sauvage. Mais comment savoir où aller ? Comment trouver le bon endroit pour décoller ? Où est-ce que la finesse de mon aile va me permettre de poser? Est-ce que j’ai le droit de poser n’importe où ? Bref beaucoup de questions que vous vous posez sans doute. A vrai dire nous nous les sommes posées. Finalement nous avons trouvé les réponses auprès de pratiquants aguerris. 

  • Renseignez-vous auprès des locaux comme lorsque vous arrivez sur un site de vol inconnu. 
  • Consultez les réseaux sociaux des clubs de parapente

Vous trouverez forcément des adeptes du marche et vol qui vous proposeront de sortir avec eux.

Club de parapente de Blanche ascendance
Membre du club Blanche Ascendance au sommet de Dormillouse

Dans le Chablais, nous avons rencontré une communauté très active au club Choto à Orcier. D’ailleurs nous avons eu la chance de partager un vol rando depuis le Pic Boré avec eux. Ajouté à cela le site Rando parapente en Chablais fournit toutes les infos pour choisir des sommets faciles.

  • Adhérez à des groupes ou des clubs de parapentistes

Dans notre club la plupart pratiquent le cross. Malgré leur bienveillance, pas question de les faire marcher plus d’une heure pour aller voler. Alors nous avons dû nous tourner vers d’autres parapentistes pour évoluer dans la pratique du vol en montagne. D’ailleurs je vous conseille le Club Blanche ascendance au col Saint-Jean près de Saint-Vincent-les-Forts. Il nous ont accueillis et nous ont fait sentir comme à la maison. Rien ne vaut le contact humain. Et surtout rien n’interdit d’adhérer à plusieurs clubs. Au contraire, nous contribuons ainsi au travail d’entretien des sites.

  • Acheter des guides dédiés au vol rando 

Dans les Alpes du sud, notre vrai coup de coeur du moment va au Hike and Fly en Ubaye. Il existe un livre répertoriant de nombreux sommets volables : vol randonnée en Ubaye de Sébastien Remilieux. Une véritable bible. 

En résumé c’est évidemment rassurant de découvrir des spots de hike and fly avec des connaisseurs. Ils savent exactement d’où décoller, quel plan de vol emprunter et où poser. Les pratiquants de vol libre ont toujours à coeur de partager, accompagner et transmettre. 

7.Faites confiance à votre instinct, la fameuse confiance en soi

Finalement faire confiance à son instinct dépasse tout en terme de satisfaction. Il y a forcément un moment où vous sentirez suffisamment de confiance en vous. Ce moment venu en choisissant des conditions aérologiques calmes, le Hike and Fly autonome s’ouvre à vous. Pour la première fois, Mika et moi avons réussi un décollage hors site FFVL depuis le sommet de Dormillouse. Un vol de rêve avec 1800m de dénivelé jusqu’au lac de Serre-Ponçon. De quoi s’en mettre plein les jambes à la montée et plein les yeux en vol.

Au final nous avons été si fières de notre capacité d’analyse seul au sommet. Ressentir la brise sur le visage, faire voler des petites brindilles d’herbes pour confirmer l’orientation du vent, trouver un endroit pas trop chaotique pour nos voiles fragiles. Bref avec toutes nos expériences cumulées en plus d’un an, nous avons atteint notre objectif de vol rando en montagne. 

Notre confiance en nous explose avec cette réussite. Notre implication porte ses fruits pour notre plus grand plaisir. Et quelle satisfaction personnelle de se voir réaliser des rêves inaccessibles quelques mois en arrière. Si ça ce n’est pas du développement personnel. Et nous vous parlerons bientôt de l’impact sur notre reconversion professionnelle qui prend forme également. Quand on fait les bons choix, que l’on agit par passion, tout est plus facile même si cela demande du travail.

Alors notre pratique du vol libre évolue certes tranquillement mais surement vers nos objectifs. La suite de notre progression nous mènera inexorablement au cross ou au vol bivouac en montagne. Mais là le chemin promet d’être long, semé d’embuches et d’aventures que l’on ne manquera pas de vous raconter.

Mais pour l’instant, nous savourons l’instant présent avec notre Susi3. Et cela promet de beaux moments de Hike and Fly dans nos belles Alpes. D’ailleurs vous pouvez d’ores et déjà vous plonger dans la lecture dans nos premières aventures de vol rando.

Bivouac sous une nuit étoilée en espérant le vol du lendemain

J’espère que ces conseils vous aideront pour débuter le Hike and Fly. S’il persiste des zones d’ombre, n’hésitez pas à me questionner. Suivrez-vous notre chemin ? Si c’est le cas, n’hésitez pas à me raconter en commentaire votre premier vol rando. Et surtout partagez cet article sur vos réseaux s’il vous a inspiré.

Bon vent à tous

Sev

Cet article a 2 commentaires

  1. Hubert Hannedouche

    Visite de votre site suite à notre rencontre d’hier pour une séance de face voile sur l’atero de Samoens avec l’aide précieuse et les conseils de Mika, suivie d’une bonne pression-discussion avec Sev et Mika. Bravo pour ce site, j’y retournerai et en parlerai. A bientôt.

    1. mika

      Bonjour Hubert, merci pour ce commentaire. Pour les conseils qui concernent le parapente, ce n’est qu’un retour que l’on a eu également. Rien n’est jamais acquis. C’est tout l’intérêt de ce sport où l’on est en apprentissage permanent. Au plaisir au décollage pour partager un vol.

      sev et Mika

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