Changer de parapente : quand, pourquoi et comment ?

Quelles sont les bonnes questions à se poser avant de changer de parapente ? De notre côté Mika et moi nous apprêtons à vivre la transition d’une aile de catégorie EN B- à  B+. Alors pour vous aider dans votre réflexion, je vais vous raconter comment nos expériences de vol de cette année orientent notre choix. J’espère vous amener à changer de parapente pour les bonnes raisons. 

Changer de parapente, passage d’une catégorie A à B

L’année dernière en Mars 2022, nous avons changé de parapente pour la première fois. Pourquoi ? Parce qu’à plusieurs reprises nous avons ressenti une insécurité à manquer de vitesse. Puis la lenteur dans la mise en virage nous mettait parfois mal à l’aise lorsque nous volions avec du monde. On peut même parler de stress lorsque nous devons changer rapidement de trajectoire lors de non-respect des priorités. En somme on a l’impression d’être sous un paquebot avec une inertie énorme. Bref nous avons changé de parapente en se concentrant sur des données techniques sans faire d’essais. Nous pensions que notre faible expérience ne nous permettrait pas de percevoir les différences de comportement. En parallèle nous avons échangé avec de nombreux parapentistes rencontrés sur divers sites de vol. Leurs retours d’expériences précieux nous ont aiguillés vers un changement de marque. C’est ainsi que nous passons d’une Alpha 6 d’Advance sous une ViVo d’AirDesign. Un changement nécessaire pour voler sous un parapente qui nous donne plus d’informations.

Mika qui fait du gonflage avec sa ViVo de chez AirDesign

Nos premiers vols après avoir changé de parapente pour un B-

Le premier vol après avoir changé de parapente fut concluant. Effectivement le gain de plané a failli nous faire finir hors terrain sur un site que l’on connait bien. Nous ne nous attendions pas à une finale aussi interminable. Malgré cette petite surprise rapidement lors de nos premiers vols thermiques au Poupet, nous nous sentons bien sous ce parapente B-. Tout semble plus facile, et la réaction aux commandes est plus vive. Même s’il y a une garde importante, la mise en virage se fait plus efficacement qu’avec l’Alpha 6. Et nous parvenons à virer très court ce qui nous conforte dans le gain de sécurité. Petit à petit nous nous approchons plus du relief lorsque c’est nécessaire. Toutefois notre prudence maintient des marges de sécurité assez importantes. Mais petit à petit en cumulant les heures de vol sous la ViVo, nous prenons confiance. Au tel point que fin Août 2022, nous réalisons notre premier cross en Ubaye guidé par des parapentistes locaux. Et tout s’enchaine assez vite avec un Automne estival et de beaux cheminements notamment à Saint André les Alpes.

Survol du Morgon et lac de Serre Poncon

Premier tour de bocal

L’hiver qui suit, de mon côté la confiance explose en partie grâce à un premier stage SIV. Je connais mieux mon aile et ses réactions. Après une sortie chandelle qui se termine en frontale, je constate que ma ViVo a une sécurité passive importante puisqu’elle réouvre instantanément. Mais je commence également à avoir quelques petits incidents lors de vol en situation réelle. Comme à Gréolières avec un mauvais placement sous le vent : mon parapente ferme et ouvre à nouveau instantanément en mettant mains poulies. Je me rassure en me disant que j’ai de bonnes réactions, que mon parapente est « gentil » mais il va falloir apprendre à éviter ce genre de situation. Ce n’est pas le tout d’avoir confiance en son aile, faut savoir la piloter comme il se doit. Après tout je dois tout de même me débrouiller plutôt bien et le mental est au top. Pour preuve  j’enchaine tour de bocal à Gourdon et à Gréolières. Tout me semble à portée d’ailes sous cette ViVo. Mika de son côté reste assez frileux à prendre de la hauteur et se déplace un peu moins que moi. Par contre de son côté, il l’a parfaitement en main lorsqu’il fait des sessions de gonflage. Il prend plaisir à s’amuser au sol pendant que je galère encore quand le vent forcit.

Sev qui fait une cascade après un incident de vol
Voile sur l'aire de décollage de Cavillore
Village de Gourdon: l'un des plus beaux de France
Village de Gréolières depuis les airs

Changer de parapente pour de meilleurs performances en plaine

Mika en attente pour décoller face au Mont Ventoux
Mika teste le cocon Sock de chez AirDesign

Le temps passe, les vols se cumulent et un an après avoir changé de parapente, nous passons en cocon. Donc début Avril, nous craquons pour le cocon léger Sock de chez AirDesign. C’est le bon moment pour nous puisque nous connaissons bien notre ViVo. Finalement dès notre premier vol avec ce nouveau duo, nous kiffons. Ainsi notre progression continue sous notre parapente de catégorie B- mais désormais en cocon. Les thermiques printaniers dans le Jura nous offrent l’occasion de découvrir le phénomène de lacet. Mais peu perturbés nous faisons nos premières sorties de bocal du Poupet. Sans mauvais jeu de mots, nous nous sentons pousser des ailes. Sauf quand nous essayons de suivre les copains sous leur parapente de catégorie C. En se mettant dans leur trajectoire, nous nous rendons compte qu’ils nous distancent facilement. Ajouté à cela bien souvent leur trajectoire monte, alors que sous notre parapente B-, nous descendons. L’aéro-dynamisme du cocon n’est visiblement pas suffisant pour faire du cross de plaine comme eux. Après de nombreuses discussions, les « plaineux » nous expliquent la nécessité de monter en catégorie pour avoir un meilleur plané et ainsi parcourir plus de kilomètres. C’est comme ça que petit à petit nous vient l’envie de changer de parapente : faire comme les copains de Franche-Comté. Sauf que dans notre cas il y a une différence de taille : nous volons de plus en plus en montagne et particulièrement dans les Alpes du sud. Et nous devons prendre en considération que les conditions de vol sont plus fortes, les pièges aérologiques plus nombreux et  que le tout cumulé requière un pilotage très actif. Bref réfléchissons avant d’agir vers un changement d’aile.

Des essais pour changer de parapente

Comme nous pesons toujours longuement le pour et le contre dans nos achats ou nos choix, pour changer de parapente cela va prendre du temps. D’ailleurs pour ce passage d’un parapente B- à B+, nous nous sentons prêts à faire divers essais pour tester nos ressentis. Et cela tombe bien puisque début Juin nous participons au week-end de test AirDesign au Poupet. Nous adorons cette marque pour son positionnement Hike and fly. Pour preuve nous possédons désormais deux packs de vol complet AirDesign : le slip avec la Susi3 et le cocon Sock avec la ViVo. Notre pratique intensive du hike and fly oriente petit à petit notre choix vers du matériel léger mais performant. D’ailleurs vis-à-vis de cela, la ViVo semble un peu lourde. C’est pourquoi nous avons eu envie d’essayer la Soar qui pèse 1 kilo de moins. Mais pas que, puisque nous avons testé également la Susi4, la Loco et la Livi. Ces nombreux vols d’essai nous ont fait prendre conscience des différences de comportement d’un parapente à l’autre. Mais le clou du spectacle pour Mika et moi fut réellement l’essai de la Soar, un véritable coup de foudre. Avec des conditions instables idéales, ce parapente de catégorie B+ m’a emmenée au plaf du jour à vitesse grand V. J’ai eu l’impression que tout était plus facile que sous la ViVo, notamment la mise en virage. Alors que je la laisse voler, elle semble me conduire de sa propre initiative dans les thermiques. Il reste plus qu’à enrouler et se caler dans l’ascendance jusqu’au plaf. En arrivant au nuage avec cette magnifique Soar, je me souviens de l’euphorie qui m’a submergée. Je me suis dit : mais c’est elle qui me faut. Oui mais est-ce le bon moment pour moi ?

Sev qui teste la Soar, savoir si elle va changer de parapente

Changer de parapente, quand ?

Effectivement début Juin, le moment semble peu approprié pour changer de parapente. Dans un excès de confiance nous risquons de nous faire surprendre dans des conditions printanières particulièrement turbulentes. Pas sûr que notre pilotage soit encore au niveau. Même si nous volons très régulièrement, c’est souvent dans des conditions choisies avec soin pour se faire plaisir et non pour avoir une forte dose d’adrénaline. Par exemple nous n’allons pas voler lorsque le vent est soutenu voir fort avec en plus une forte instabilité. Notre prudence excessive aux yeux de certains est sans nul doute dû au fait que nous avons appris le parapente à presque 50 ans. Il faut croire qu’à cet âge, nous ne volons pas pour les mêmes raisons qu’à 20 ans. Puis généralement à partir de Juin nous partons volontiers en van and fly à travers les Alpes du sud et la Drôme. Alors pas question de se mettre dans des situations délicates au milieu des montagnes. Nous savons qu’en été les conditions de vol de 13h à 17h sont hostiles pour nous avec seulement 3 ans de parapente. A Barcelonnette c’est même pire que ça : impossible d’atterrir à partir de 11h avec une brise de vallée à décorner un boeuf. Au final après ces quelques années dans le vol libre, nous savons quel site de vol nous pouvons raisonnablement fréquenté et à quelle saison. Mais en général quelle que soit la région tout est plus doux en Automne. Donc c’est peut-être la meilleure saison pour changer de parapente sereinement. Alors raisonnablement Mika et moi ne craquons pas en ce début d’été sur la Soar. 

La montagne de Buc, le Fort avec de la lavande au premier plan

Varier ses expériences de vol

Finalement nous sommes partis en vadrouille tout l’été entre découverte du parapente en Bretagne, Alpes du Nord et du sud pour finir en Septembre dans les Pyrénées. Ainsi nous avons varié le type de pratique de vol avec nos ViVo. Cela nous a armé de nouvelles compétences, comme la gestion du vent très fort au décollage sur les falaises bretonnes. Et aussi le travail de positionnement près du relief comme Saint-Hilaire où nous nous habituons aussi à voler avec du monde. Bref nous renforçons notre connaissance de certains sites de vol et en découvrons de nouveaux. Et vous savez quoi ? Nous avons vécu des vols incroyables sous nos ViVo. D’abord à Saint-hilaire-du-Touvet, la Dent de Crolles me faisait rêver depuis le bas. Alors j’y suis montée non pas à pied mais en volant. De la même manière à Samoens, je crois que j’ai survolé le Criou par tous les chemins aériens possible. Puis pour finir en beauté dans les Pyrénées où nous réussissons le tour de bocal de la vallée du Louron  grâce au coaching de Manu, moniteur d’Odyssée Parapente. Bref nous enchainons de magnifiques vols avec notre parapente de catégorie B-, mais aussi quelques frustrations. En réalité parfois les transitions se passent mal car nous sommes contrés. La ViVo n’avance pas toujours bien dans le vent fort, comme la plupart des B-. Et il faut y aller tout doux sur le barreau sinon c’est pire. Mais nous apprenons à déjouer ce genre d’aléas en exploitant la moindre bulle thermique nous offrant quelques mètres de sursit. Encore du bonus pilotage dans notre boite à outils du parapentiste qui nous permettra de changer de parapente sereinement au moment opportun.

Sev en vol sous les falaises de Saint Hilaire du Touvet
Sev qui survol la Dent de Crolles
Sev au dessus de la plage de la Mine d'Or à Pénestin
Selfie de Sev lors du tour du bocal de la vallée du Louron
Parapente en Bretagne
Voiles entrain de monter au plaf vant de transiter sur les face ouest du val du Louron

Notre constat après presque 300h de vol sous un parapente B-

C’est en rentrant des Hautes-Pyrénées début Octobre que Mika et moi avons fait ce constat : nous avons pris énormément de plaisir pendant ces 4 mois d’été sous notre ViVo. Pour certains ce n’est qu’un parapente de catégorie B- limite pour des débutants. Mais à mes yeux c’est le parapente qui m’a permis de réaliser des rêves. L’année dernière je versai des larmes d’émotion en survolant le Morgon au-dessus du lac de Serre-Ponçon. Fin Aout cette année en passant 10 jours à Saint Vincent les forts, à quatre reprises je raccroche ce sommet en passant d’abord par Dormillouse. Je me rends compte que mon expérience me permet de répéter des itinéraires dans des conditions plus fortes qu’avant. Effectivement nous avons décalé nos horaires de vol pour exploiter les périodes de meilleures ascendances. Et lors de certains vols, je me suis surprise à lever le regard vers l’intrados et remercier ma ViVo. En toute sincérité, je suis bien contente de ne pas avoir changé de parapente en Juin après l’essai de la Soar. Poursuivre mon apprentissage sous un parapente B- m’offre une sécurité passive sécurisante. Et après m’être faite lessiver dans des thermiques sous le vent à Samoens, je me suis demandée comment ça se serait passé sous un parapente B+. Peut-être aurai-je été surprise, voire sidérée par la vivacité de réaction de l’aile. L’enchainement de vols incroyablement beaux par l’esthétisme des paysages survolés et non pas des statistiques réalisées, nous conforte dans le choix de ne pas avoir encore changé de parapente.  Donc pourquoi se séparer de nos ViVo après 300h de vol avec, alors qu’elles mettent à notre portée des rêves que nous n’imaginions même pas un an en arrière.

Changer de parapente, pourquoi ?

Finalement c’est en participant en tant que bénévoles à une compétition en parapente à Montclar, que nous avons réellement compris l’intérêt de certains à changer de parapente. Effectivement si vous pratiquez le parapente pour vous tirer la bourre avec les copains, alors il faudra voler vite et loin. Le but d’une compétition est de boucler un circuit en le faisant plus vite que les autres concurrents. Alors c’est un avantage indéniable de voler sous un parapente performant. Et pour avoir vu les listings des participants à la compétition, sur 40 parapentistes un seul volait avec un parapente de catégorie B-. Et malheureusement il n’a pas terminé en haut du tableau. Donc en résumé si vous êtes adeptes de performances, de distances, et de compétition alors pas le choix : il faut changer de parapente rapidement et monter dans les catégories.

Je pense que si vous volez essentiellement en plaine ou sur les côtes bretonne et normandes, voler sous des parapentes de catégories au-delà de B+ est rapidement possible. Le gain de vitesse des ailes performantes est un atout dans le vent très fort laminaire en Bretagne. Et en plaine, allez savoir pourquoi ça plane franchement mieux et loin sous une aile plus allongée. 

Briefing sur le lieu de décollage de parapente

Accroitre ses compétences de pilote avant tout changement de matériel

Il suffit juste de faire de bonnes analyses météo, choisir les bonnes journées et savoir s’y prendre. En Août, certains parapentistes ont survolé la Barre des Ecrins avec une Livi, qui est un parapente B-. Tout ça pour dire qu’avec un parapente de catégorie B, beaucoup de choses sont possibles quand le pilote possède toutes les compétences nécessaires. A bon entendeur, pour ceux qui se plaignent d’avoir du matériel de merde quand il rate un vol. Il faut savoir se remettre en question plutôt que de mettre la faute sur votre parapente. Nous avons tellement entendu la phrase « il faut que je change de parapente parce que je n’arrive pas à faire ceci ou cela ». Ne vaudrait-il pas mieux tenir le discours « qu’est-ce qu’il faut que j’apprenne pour réussir à faire ça avec mon parapente ?». Tout cela pour dire qu’il faut vraiment renforcer son socle de compétences avant de changer de parapente. Et même pour ceux qui volent depuis longtemps, un recyclage accompagné de personnes compétentes peut permettre d’appréhender des nouvelles techniques de pilotages qui suivent les évolutions incessantes du matériel de vol.

Sev en vol au dessus du désert de Platé
Mika fait du gonflage au Poupet

Qu’est-ce que Sev et Mika s’apprête à faire ?

L’Automne bat son plein et les nappes phréatiques se remplissent. Pendant ce temps-là Mika et moi phosphorons sur le choix de notre futur matériel. Au regard de notre volume d’heure sous nos ViVo depuis presque plus d’un an, changer de parapente s’envisage. Effectivement nous cumulons environ 300h de vol dans des sites très différents dont certains tours de bocal en montagne. Mika de son côté développe moins d’intérêt que moi pour le cross. Alors il va avancer pas à pas vers son objectif de faire de l’acro. C’est bien parti puisqu’il a investi dans une sellette adaptée avec de bonnes protections. Mais pour faire ses armes, il n’aura pas besoin de changer de parapente. Il va apprendre avec sa ViVo et continuera les vols sur site avec elle dans un premier temps. Par contre de mon côté la question du passage de B- à B+ se pose concrètement. De plus c’est l’Automne, les conditions vont devenir très sages dans les Alpes maritimes. Alors ce serait le moment d’investir dans un Soar. Mais voilà, par sécurité je vais sans doute retarder ce changement. J’ai l’intention de refaire un stage SIV avec Mika en Décembre à Roquebrune. Pourquoi un troisième SIV ? Parce que le précédent a été réalisé avec mon ancienne sellette à planchette et que je m’expose de plus en plus dans des situations de vol parfois proche des reliefs. Puis désormais je vole en cocon et je veux voir si je suis capable de contrer des fermetures et auto-rotation avec mon cocon à cuissarde. Il faut accroitre au maximum ses compétences et la confiance en son matériel de vol

Mais vous savez ce que l’on dit : « il y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis ». Alors pour savoir ce qui volera au-dessus de nos têtes dans les semaines à venir, continuez à suivre nos aventures.

Mika avec sa sellette Acro4 de chez Supair

Vous qui volez sous un parapente B-, allez-vous changer de parapente prochainement? Si oui, dites-nous en commentaires ce qui vous pousse vers ce changement de catégorie. Et n’oubliez pas de vous abonnez à nos réseaux sociaux sevnutslover et mikaflyblack pour suivre nos aventures en parapente.

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